Samedi 2 janvier, 7h50. J’ai commencé ma journée à 7h. Les routes secondaires et allées sont encore recouvertes d’une épaisse couche de givre, ça glisse. Alors quand j’ouvre la porte d’entrée de chez ma première mamie de la journée, entre deux éclats de rire avec ma collègue, je ne m’attends pas à voir de gros flocons de neige tomber. Et pourtant. Panique à bord, je dois aller à Balerno un peu plus tard, au pied des Pentland Hills. C’est loin et je n’ai jamais conduit sur des routes enneigées (une fois en France, en 2008, ça ne compte pas). C’est la panique. J’ai une heure avant de devoir y aller, je me dis que ça va se calmer. Le sacro-saint BBC Weather va dans ce sens, tout va bien se passer. Parce que je ne suis pas du tout prête à tenter l’expérience de la conduite en hiver.
8h50, je sors de chez ma deuxième mamie. C’est pire, BBC Weather m’a trahie (je dramatise, mais c’est comme ça que je le ressens). Il ne neige certes plus mais la neige recouvre désormais la couche de verglas des jours précédents. C’est dan-ge-reux. Je suis à deux doigts de pleurer ; de rire car c’est quand même magnifique de voir la neige tomber mais aussi de peur car je suis terrorisée à l’idée de prendre le volant. Rien que traverser le parking se transforme en épopée digne du voyage de Frodon dans le Mordor (drama queen, je sais).
Comme la neige n’était pas spécialement attendue, les sableuses ne sont pas encore passées. J’essaie de me rappeler des conseils d’une de mes collègues : (1) rouler en deuxième, jamais en première car ça évite aux roues de tourner, (2) veiller à toujours avoir 3 fois la distance de sécurité requise pour s’arrêter et (3) freiner aux vitesses, jamais au frein. Et y aller molo sur les coups de volants, mais ça me semble obvious.
Le trajet jusque Balerno qui me prend d’habitude une vingtaine de minutes devient un périple d’une quarantaine de minutes. Ça glisse, c’est l’horreur (et ma voiture a refusé de s’arrêter à un feu rouge). Les degrés défilent sur le tableau de bord. Dans le négatif bien sûr.
Quand je repars vers le centre une heure plus tard, c’est déjà mieux – sauf les rues secondaires qui restent un scandale. J’ai une heure de retard sur mon planning mais c’est pas très grave, j’ai survécu à mes premiers trajets sur la neige, fingers in the nose !
Le problème d’Edimbourg c’est que la neige n’a pas le temps de fondre, ni même de se transformer en slush, cette espèce de neige fondue qui devient marronâtre à force d’être piétinée. Non, il neige et ça gèle direct derrière. Ces derniers jours, mes collègues ont troqué leurs baskets pour des chaussures de marche, mais pas moi. J’ai horreur de conduire avec ce genre de souliers.
Anecdote linguistique, ou quand la langue anglaise (écossaise ?) réserve toujours des surprises
Je termine sur une note linguistique. Selon le Historical Thesaurus of Scots, il paraît que les Ecossais ont 421 mots pour décrire les temps hivernaux. Il y a bien évidemment les plus courants comme slush (mentionné plus haut), sleet (une sorte de pluie qui est en fait de la neige fondue) ou hail (grêle). Il y a aussi unbrak (le début de la fonte), figgerin (un petit flocon de neige) ou flag (un gros flocon de neige). Mais mon préféré reste wirk, qui décrit un mouton sous la neige. Allez lire ça, c’est marrant.
J’ai aussi découvert le principe de la black ice : une couche de verglas très fine, presque invisible, mais méchamment glissante. C’est traître.
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Si vous l’avez raté, j’ai publié cette semaine un article dédié à Edimbourg sous la neige : un véritable paradis blanc, à l’image de la chanson de Michel Berger (maintenant, vous l’avez dans la tête, pas vrai ?).
10 commentaires
Coucou ! Ici aussi, on a eu un peu de neige mais je n’ai grand heureusement pas eu à conduire. J’avoue que déjà, je ne suis pas hyper à l’aise avec la conduite à gauche alors sous la neige … Et je te soutiens totalement pour la trahison météorologique ! Ne peuvent comprendre que les gens qui vivent dans des îles pluvieuses ! 😉 Merci d’enrichir mon vocabulaire concernant la neige et ses dérivés. Je n’ai aucune idée de si ces termes sont utilisés ici mais c’est toujours bon à savoir (ça me rappelle mes cours d’université !). Bisous 🙂
La conduite à gauche ne me pose vraiment aucun souci, mais alors la neige… Ceci étant dit, j’ai fait de nets progrès en la matière, je ne suis pas peu fière. 😀
Entre résidentes des îles britanniques, on se comprend ! xx
Loin de me moquer, c’est stressant et cela fait peur de conduire sous la neige et sur la route enneigée, surtout quand il y a le gel par dessus. Tu es courageuse. 🙂
Je ne sais pas si je suis courageuse, je n’ai surtout pas le choix ! Impossible de bosser sans voiture malheureusement.. Mais so far, so good! xx
Je n’ai tellement pas hâte de conduire sur la neige, le verglas, et à gauche en + l’abus !!!
Heureusement que c’est joli ces paysages tout blancs 😉
Attends le printemps pour t’y mettre.. Même avec de l’expérience de conduire au Royaume-Uni, je trouve ça galère alors pour une première fois, j’éviterais ! xx
Tout d’abord bonne année 2021 à toi, espérons moins chaotique et anxiogène que 2020.
Ah, les joies de la conduite sur la neige
Une belle année à toi aussi ! 🙂 xx
Je n’aime déjà pas trop conduire… alors conduire sur la neige et le verglas, encore moins ! J’ai un souvenir de conduite en région parisienne avec une grande pente à descendre… LE STRESS !!!
Bravo, tu as été courageuse d’avoir fait toute ta journée de travail dans ces conditions.
J’adore la variété linguistique, notamment le fait d’avoir un mot pour décrire un mouton recouvert de neige.
Courageuse, je sais pas.. Disons que si j’avais le choix, je resterais à la maison ! Mais bon, faut bien que j’aille prêter main forte et tenir compagnie à mes petits vieux. 😀 Ça reste super stressant et à cause de ça, je suis éreintée quand je rentre à la maison le soir.
Je me suis amusée à me perdre sur le thésaurus linguistique, j’ai beaucoup ri ! xx