Il paraît que la vie à l’étranger a plusieurs étapes déterminantes : le cap de la première année, puis celui des trois ans et enfin, celui des sept ans. C’est du moins ce que j’ai lu dans un (vieil) article que Lucie a publié en 2017. Je me souviens avoir lu cet article à l’époque de sa sortie et je m’étais promis d’y revenir une fois ce cap des sept ans passés pour moi. Et ça tombe bien, puisque je l’ai justement passé il y a quelques jours !
Première année | Stamford : première expérience de travail et découverte de l’Angleterre
Je suis arrivée à Stamford par une belle journée de fin d’été. J’étais en avance, je suis restée deux heures assise à la sortie de la gare, à me gorger de soleil et de ma première vue sur les splendides maisons couleur crème de ma nouvelle ville. C’est marrant mais même sept ans après, je me souviens encore de l’impression de béatitude qui m’avait alors envahie. Je me sentais bien !
Au terme de cette première année, le bilan était positif. J’avais adoré travailler comme assistante de français dans un établissement français et j’avais accepté de rester une année de plus. J’avais un solide groupe d’amis européens avec qui je sortais tous les week-ends. J’avais passé des heures les fesses collées sur des banquettes de train pour voyager à travers le Royaume-Uni. Pour couronner le tout, j’avais aussi réussi ma soutenance de Master haut la main.
La vie était belle.
Troisième année | Stamford : aventures personnelles et professionnelles !
Cette troisième année à Stamford a été une année charnière. J’avais quitté la coloc’ de l’école car je ne m’entendais pas du tout avec les deux autres nanas pour m’installer avec une famille dans un village voisin. Je continuais à travailler comme assistante de français tout en découvrant les joies de la vie d’au-pair et de professeur de FLE pour adultes. Les opportunités se bousculaient et je les saisissais, pleine de curiosité et d’entrain.
Et puis, je décidais de m’inscrire à la fac en Angleterre pour passer mon diplôme de prof pour pouvoir enseigner ma langue ici.
Mon groupe d’amis avait changé, plus de Français, moins d’Européens. Mais c’était toujours aussi parfait et c’est les yeux embués de larmes que j’ai quitté Stamford un jour tout gris.
Septième année | Edimbourg : un an plus tard
Quatrième déménagement plus tard, me voici donc dans un autre pays ! J’ai débarqué en Ecosse, à Edimbourg plus précisément, le 23 juillet 2020. Alors que la pandémie faisait rage à l’époque, j’ai tourné le dos à ma carrière avortée d’enseignante de français et à Scarborough, ville tant détestée.
Je me suis installée avec une de mes meilleures amies dans un appartement parfait dans le quartier de Leith. J’ai rapidement trouvé du travail, j’ai fait mes premières ébauches de camping sauvage tout en explorant ce merveilleux terrain qu’est l’Ecosse. J’ai retrouvé une vie sociale malgré les restrictions et en août, j’ai célébré mes trente-et-un ans !
Aujourd’hui, tout va pour le mieux.
Le cap des 7 ans au Royaume-Uni
Il paraît que ce cap des sept ans à l’étranger est le plus dur à passer. La plupart des immigrés se posent des questions, doutent de leur avenir dans le pays. La vie leur semble moins verte ici puisque ce n’est plus tout à fait quelque chose de neuf. Et moi dans tout ça ?
Je ne me reconnais pas vraiment dans ce schéma classique, et je vois là plusieurs raisons.
- Côté vie pro. En sept ans, j’ai tour à tour été assistante de français dans le secondaire, professeur de français pour adultes, pseudo jeune fille au pair, professeur de français et auxiliaire de vie. Et entre temps, je suis retournée sur les bancs de l’université, à York, pour préparer mon diplôme d’enseignement. Pas le temps de m’ennuyer dans ma vie professionnelle puisque j’ai beaucoup changé ces dernières années.
- Environnement. Je suis certes restée trois ans à Stamford, mais j’ai déménagé au bout de deux ans pour aller m’installer dans un petit village tout près, à Ketton, avec la famille pour laquelle je travaillais. Puis je suis partie un an à York pour mes études, avant d’atterrir à Scarborough où je suis restée deux ans. Et là, ça fait un peu plus d’un an que je vis à Edimbourg.
- Vie sociale. Je serais bien incapable de vous dire combien de personnes sont entrées dans ma vie ces dernières années. Certaines en sont sorties, certaines sont restées. Mon cercle social a évolué au fil de mes déménagements et de mes aventures. Il y avait toujours ce côté cool de rencontrer de nouvelles personnes, même pour un bref laps de temps.
Je crois que si je devais résumer tout ça, ça tiendrait en une phrase : je n’ai jamais vraiment eu (pris ?) le temps (l’envie ?) de me créer un quotidien longue-durée. Aujourd’hui encore, rien n’est vraiment certain.
Oui, je compte rester à Edimbourg un bon moment. Impossible de dire combien de temps car je ne suis pas de nature à voir sur le long-terme, mais ma vie me plaît ici, en Ecosse. J’ai plein d’opportunités, j’ai un chouette cercle d’amis, je peux découvrir du pays, accompagnée ou en solo. J’ai un emploi qui me plaît aussi (bon, pas tous les jours hein, ce serait ennuyeux). En gros, la vie est plutôt belle ici.
7 ans au Royaume-Uni : vos questions
Sur Instagram, je vous ai demandé si vous aviez des questions par rapport à mon expérience de vie à l’étranger. Certaines se recoupaient, alors je les ai regroupées.
★ T’es-tu facilement fait de nouveaux amis ?
Oui ! Funnily enough, j’ai rencontré plusieurs personnes sur les réseaux sociaux avant même de venir m’installer à Edimbourg. Des personnes avec qui je discutais de temps en temps, avant de pouvoir les rencontrer en chair et en os une fois sur place. Le travail m’a également fait rencontrer de chouettes personnes ! Des collègues devenus amis, mais pas seulement. Plusieurs personnes âgées avec qui je travaille sont devenues de vraies proches – faut dire que je les ai plus vues ces derniers mois que les membres de ma propre famille.
★ Comment est la vie post-lockdown ?
La vie semble avoir repris son cours plus ou moins normalement. Le port du masque reste obligatoire dans tous les endroits clos (c’est fou le nombre de personnes qui ne savent toujours pas mettre leur masque correctement, plus d’un an après le début de la pandémie). La distance sociale reste de mise également, dans la mesure du possible, et le système de track and trace est toujours de vigueur. Mais à part ça… Tout (ou presque) a réouvert ! Il est possible d’aller au musée, au pub, dans un café, tranquillement. Il faut encore parfois réserver à l’avance dans certains endroits mais en général, plus besoin. Personnellement, j’aime bien le fait que certaines visites soient limitées en nombre de visiteurs : ça permet un moment plus agréable, plus tranquille.
Une chose cependant : la circulation dans Edimbourg est un ENFER absolu. Avec mon travail (je vais au domicile des personnes que j’aide), j’ai conduit dans la ville à travers la pandémie et les différentes phases de confinement). Il y a quelques mois, c’était juste génial de conduire à travers les rues désertes. Maintenant, c’est fini et ça me manque. Par ailleurs, le prix de l’essence a pris bien cher également. C’était plutôt bon marché pendant les confinements, c’est aujourd’hui hors-de-prix.
★ Sens-tu une différence entre l’Ecosse et l’Angleterre ?
Cette question est tellement complexe qu’elle mériterait qu’on écrive une thèse sur le sujet, mais je vais en venir aux faits : oui, je sens une différence. Enfin, c’est surtout entre les Ecossais et les Anglais qu’il se passe un truc. Les Ecossais sont de manière générale plus chaleureux, plus authentiques que les Anglais. Il n’y a pas cette espèce de froideur quand on rencontre des Ecossais, cette sorte de distance parfois malaisante qu’on retrouve avec les Anglais. Il y a plus d’ouverture d’esprit aussi.
Bien évidemment, c’est mon ressenti, qui découle de mes relations avec les Britanniques que j’ai pu rencontrer ces dernières années. Tous les Anglais ne sont pas froids et insensibles et tous les Ecossais ne sont pas accueillants. Mais de manière générale, c’est un effet.
★ Le Brexit est-il autant ressenti qu’on peut le lire ?
Une nouvelle fois, la réponse est oui. Ça fait quelques semaines que ça se voit beaucoup je trouve. Avant, personne n’y prêtait attention car la pandémie a vraiment ralenti tout ça. Certains rayons de grande surface commencent à se vider pour ne plus se remplir, faute de stock et de livraison. Les prix des produits importés est plus élevé de manière générale. Il y a aussi beaucoup de secteurs d’emploi qui peinent à recruter, faute de candidats européens (je pense notamment au secteur dans lequel je travaille, mais pas uniquement).
Plus personnellement, je trouve qu’envoyer un colis en France est désormais plus contraignant. Ceci dit, je n’ai encore eu aucun souci (je touche du bois) avec la réception de colis venus de France.
★ A quel point la France te manque-t-elle ?
Je ne vais pas mentir, la France ne me manque pas du tout. Ce qui me manque, c’est de voir ma famille régulièrement – chose possible pré-covid, plus difficile maintenant.
★ Appartment tour ?
Nope, mon chez-moi restera secret pour le moment. :p
L’Ecosse et sa météo contrastée
Lundi, je me suis octroyée une journée en solo. J’ai d’abord visité le moulin de Preston (que certains ont pu voir dans Outlander) avant d’aller marcher du côté de St Abb’s Head, dans les Borders. Alors qu’il pleuvait à Edimbourg, j’ai eu droit à un merveilleux ciel bleu percé de nuages tout fluffy. Un beau jour de fin d’été, comme je les aime !
Mardi, j’ai traîné Sarah du côté de Roslin, au sud-est d’Edimbourg. Non pas pour visiter le village, mais pour redécouvrir la petite chapelle, Roslyn Chapel (note : aucune erreur typo de ma part, le village et la chapelle n’ont pas la même orthographe, j’y reviendrai un jour), avant d’aller nous perdre dans la réserve naturelle de Roslin Glen. Cette fois, adieu l’été et bienvenue l’automne ! Petite pluie constante, feuilles mortes qui tapissent le sol.
Difficile de se dire que ces photos ont été prises avec seulement vingt-quatre heures de différence. (Parfois en Ecosse, ça change en quelques heures, voire quelques minutes !). Dans tous les cas, c’était beau.
8 commentaires
Congrats!
C’est sûr qu’entre le Covid et l’après-Brexit, pas le temps de s’ennuyer ^^
Tu confirmes ce que l’on entend au sujet des rayons vides et de l’essence. J’ai vu des images sur ce qui se passait en Angleterre, mais je n’avais pas eu d’infos particulières sur la situation en Ecosse. Ton article permet donc d’en savoir plus.
Sur le manque de main d’œuvre dans certains secteurs, je me souviens que je l’avais évoqué dans un commentaire l’année dernière, dans un billet que tu avais écrit sur les changements liés au Brexit. Gros manque d’anticipation et de préparation de la part du gouvernement alors, car cela était certain qu’il y aurait des soucis à ce niveau-là. Dommage que ce soit à la population et aux employeurs de subir ce manque de professionnalisme.
Thanks Ludivine !
Clairement, le gouvernement n’a pas du tout anticipé toutes les conséquences de Brexit sur l’emploi. Le problème, c’est que c’est la population qui subit maintenant. On verra bien ce que l’avenir nous réserve. Bises !
Happy anniversary! Un peu en retard, désolée. xxx
Merci Clem ! ♥ x
Joyeux 7 ans ! Tu ne t’es pas ennuyée ^^
Ooooh ça fait des années que je veux aller à la Roslyn Chapel, peut-être la prochaine fois ! 😀
Nope, l’ennui c’est pas mon truc haha !
On y va quand tu reviens en Ecosse ! 😀 x
Coucou! Joyeux 7 ans! 🙂 Et merci pour la mention de mon (très) vieil article. Maintenant, ça fait 11 ans pour moi et j’ai d’autres caps à ajouter maintenant parce que je commence à penser à acheter une maison ici ce qui force à avoir une vision au long terme et comme toi c’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à faire. J’appellerais ce nouveau cap le « oh purée dans quoi je m’engage !! » Haha! Je voulais aussi rebondir sur ta phrase: « je n’ai jamais vraiment eu (pris ?) le temps (l’envie ?) de me créer un quotidien longue-durée. Aujourd’hui encore, rien n’est vraiment certain. » –> pareil. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi mais je ressens la même chose. En rentrant de NZ et en m’installant dans les Midlands, j’ai décidé de faire cet effort pour voir quelle différence cela peut donner. Et puis le covid est arrivé et ça a un peu foutu en l’air mon super plan 🙂 Ca a l’air de bien se passer pour toi en Ecosse en tout cas, c’est bien. Et félicitations pour ton changement de carrière, c’est courageux. x
Merci Lucie pour tous ces gentils mots ! ♥
J’aime bien le nom de ce nouveau cap dont tu parles ! Je crois que je n’en suis plus très loin non plus d’ailleurs… x