Quand Marie m’a dit qu’elle passerait à Édimbourg en chemin pour le nord de l’Écosse, j’ai vu là l’occasion parfaite de l’emmener découvrir un coin du pays que je n’avais fait qu’apercevoir quelques mois plus tôt : la côte est du royaume de Fife, de l’autre côté de l’estuaire Firth of Forth par rapport à Edimbourg. Je nous avais planifié un circuit à la journée, avec sept arrêts. Suffisamment pour la journée, sans avoir besoin de se dépêcher. Une découverte slow, en douceur pour ce mini road trip.
Pour organiser tout ça, je me suis plongée dans plusieurs ressources : cet article de Hidden Scotland, le site de Visit Scotland et quelques recommandations de dernière minute offertes par Sarah, du blog French Kilt.
Les orages prévus avaient gentiment décidé d’attendre un peu avant de nous tomber dessus. C’est donc sous un ciel gris menaçant que nous avons pris la voiture pour nous engager sur la route de South Queensferry. Quarante minutes plus tard, le temps d’arriver à Aberdour, notre premier arrêt, il faisait un soleil de plomb et une chaleur très pesante.
Suivre la Fife Coastal Road
Rien de plus simple pour parvenir aux villages de la côte de Fife : il suffit de suivre les panneaux qui indiquent le East Fife Coastal Road. Du moins, en théorie. En pratique, certains panneaux n’ont pas vraiment de sens et d’autres sont tellement petits qu’il est tout à fait possible de passer devant sans même les voir, et de se retrouver dans un autre village sans crier gare. C’est ce qui nous est arrivé entre St Monans et Pittenweem.
Et la marche dans tout ça ?
Bonne nouvelle pour les randonneurs, il existe un chemin de randonnée, le Fife Coastal Path, qui s’étend sur 117 miles (plus ou moins 190 kilomètres) entre Kinkardine à l’ouest et Newburgh à l’est.
Les villages côtiers du Royaume de Fife
Château et plages à Aberdour
Une quarantaine de minutes en voiture suffisent pour arriver à Aberdour, le premier arrêt de cet itinéraire sur la côte du Fife.
Il y a un joli château qui date du XIIe siècle (un des plus vieux châteaux écossais encore debout) à visiter. C’était la surprise que de le voir ouvert aux visites, il était annoncé fermé sur internet… Deux trois clics plus tard et les entrées étaient achetées en ligne, 5 minutes avant le début de la visite ! J’ai adoré les jardins fleuris et les plafonds peints qui datent de plusieurs siècles. Pour les fans d’Outlander, certaines scènes ont été tournées dans le château. Il m’a fait penser au château de Craigmillar, à Édimbourg. Je vous en ai parlé d’un article dédié, tant il y a de jolies choses à voir !
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★ Visitez le château d’Aberdour ! ★
Juste derrière le château, après avoir traversé le jardin muré, il y a l’église normande de St Fillan (XIIe siècle) à voir. L’accès se fait via une allée fleurie de lavande, ça sent bon en plus d’être beau.
De là, une petite marche balisée mène jusqu’à la plage de Silver Sands. Je ne recommande pas ce chemin qui suit la voie ferrée : il est mal, voire pas du tout entretenu par endroits, ce qui le rend impraticable dans certains contextes (avec une poussette ou de jeunes enfants par exemple). Gare aux orties ! La plage est jolie mais le paysage est gâché par une espèce d’usine à gauche.
En suivant la côte pour retourner vers le centre d’Aberdour, il y a un viewpoint à ne pas rater : le Forth View. La vue sur les ponts qui enjambent le Firth of Forth est indeed vraiment pas mal. En continuant le chemin, on a une jolie vue (de loin) sur la plage de Black Sands et le port d’Aberdour.
Art et littérature à Lower Largo
Le prochain village est à une quarantaine de minutes de route d’Aberdour – c’est le plus long trajet de cet itinéraire, les autres villages se suivent en ribambelle. A Lower Largo, on s’extasie devant la mignonitude des habitations colorées, et de leurs décorations. Coquillages, bateaux et poissons sont omniprésents derrière les fenêtres aux rideaux tirés (il faisait vraiment chaud).
Lower Largo, c’est aussi le village où passer faire coucou à la statue de Robinson Crusoé. La statue s’appelle bel et bien de la sorte, mais en réalité, elle représente surtout Alexander Selkirk, qui a inspiré Daniel Defoe pour l’écriture du roman Robinson Crusoé. Selkirk (1676 – 1721) était un corsaire et officier de la Marine Royale écossaise et, comme vous l’aurez probablement deviné, est célèbre pour avoir passé quatre ans et quatre mois abandonné sur une île déserte dans l’Océan Pacifique après un naufrage. Il a survécu au truc mais est mort d’une maladie bête quelques années plus tard. What a shame!
Un artiste semble avoir élu domicile dans ce village : son style est reconnaissable entre mille et se retrouve un peu partout, notamment sur les portillons à l’entrée des maisons. C’est un certain Alan Faulds qui se cache derrière ces sculptures peintes qui, si elles ne plaisent pas à tout le monde, ne laissent personne indifférent à Lower Largo. Voyez par vous-même. J’avoue ne pas avoir aimé du tout.
Plage de sable doré et phare à Elie
D’Elie, je ne retiendrais que sa formidable Ruby Bay. Le jour où nous y sommes allées, les rues étaient blindées de monde. Bouchons dans les rues étroites, parkings qui débordaient sur les routes… Nous avons passé notre chemin mais nous nous sommes arrêtées à la Ruby Bay au retour, en fin de soirée. Nous avons bien fait, c’était superbe. Une chose est sûre, je retournerai arpenter les petites rues d’Elie !
Cette étape montre un aspect essentiel du road trip : peu importe le degré de préparation préalable, il y a toujours quelque chose qui ne se passe pas comme prévu. Fort heureusement, c’est un peu la magie du truc, pouvoir changer ses plans et les adapter à la situation !
Moulin à vent et piscine de mer à St Monans
Nous ne nous sommes pas arrêtées au cœur de St Monans à l’aller et pour cause, nous avons loupé le petit panneau qui indiquait la Fife Coastal Road. C’est en arrivant au village suivant, Pittenweem, que nous nous sommes rendu compte de notre erreur. Bref, nous y sommes repassées le soir mais avons décidé de ne pas aller nous balader dans le port. Nous avons privilégié quelque chose d’autre : les restes d’un vieux moulin à vent ! Le choix n’a pas été très compliqué : des ports, nous en avons vu beaucoup pendant la journée, mais un moulin à vent.. Inédit !
Ce moulin date du XVIIIe siècle et c’est le dernier encore existant du Fife. Malheureusement, il était fermé pendant notre balade, à cause du covid (pour changer). Malgré tout, il est possible de s’en approcher de très près pour admirer son état. Difficile à croire qu’il est si vieux, il est encore si bien conservé ! A part les ailes qui ressemblent à de la dentelle de fer, on pourrait facilement croire qu’il est encore en usage.
Sur le chemin qui mène au moulin, il y a une tidal pool, une piscine de mer. Il y avait une poignée de personnes qui se baignaient, alors que l’eau semblait bien fraîche… La piscine est délimitée par une espèce de barrière en pierre, ce qui la rend facile à repérer.
Maisons colorées et falaise à Pittenweem
Quel fabuleux nom que celui-ci ! Il me fait le même effet que Peebles, dans les Borders. Le mieux pour apprécier la vue, c’est de se garer sur le parking en haut de la colline, et d’emprunter le chemin côtier qui descend jusqu’à Pittenweem. En haut, il y a un panneau qui indique les animaux marins vu ces derniers mois. Dauphins, baleines de Minke, des phoques ou même des baleines à bosse y ont été aperçu récemment. Malheureusement pour nous, aucun mammifère marin en vue.
Pittenweem, c’est une estafilade de petites maisons blanches et crèmes et aux portes pastelles. Les habitants semblent former une formidable communauté : il faut voir les salons de jardin et leurs chaises assorties installées devant les portes, qui donnent directement sur la mer. En temps de tempête, ça doit être sympa d’être calfeutré à l’intérieur sous un plaid, avec une tasse de thé. Mais je m’égare.
C’est aussi un petit port de pêche qui sent bon les embruns et un merveilleux glacier à la façade qui détonne contre celles toutes blanches des maisons alentours. De la couleur à gogo, des bouées de sauvetage multicolores et des grands paniers de fleurs. Mention spéciale pour la saveur caramel au beurre salé, delicious !
Port de pêche, phare et fish and chips à Anstruther
J’avais beaucoup aimé ce village en avril dernier, quand j’y suis allée à l’occasion d’une sortie en mer pour aller observer des oiseaux sur l’Île de May. Les parkings qui longent le port étant pleins à craquer, nous nous sommes garées dans les hauteurs de la ville – ce qui permet de jouir d’un joli point de vue sur le port en contrebas. Nous nous sommes baladées dans le vieux port et les ruelles du village.
Marie aurait bien aimé manger un morceau au Fish Bar, un chippy très réputé dans la région. Il est victime de son succès, c’est le moins qu’on puisse dire : il y avait une trentaine de personnes qui faisaient la queue dans l’espoir de déguster un de leur fameux fish and chips. Autant vous dire que nous n’avions pas la foi d’attendre, nous avons passé notre chemin pour cette fois.
Coup de cœur absolu à Crail
Coup de cœur absolu pour le petit village de Crail ! C’est beau comme tout, pittoresque comme diraient mes élèves. Pourtant, ce n’est pas très grand. Les rues pavées et les devantures de maison sont envahies de fleurs de toutes les couleurs qui rivalisent avec les boiseries des portes et des fenêtres. Il y a un château privé dont il est possible de faire le tour en se promenant dans les rues. Le port de pêche est minuscule et très calme en fin de journée, illuminé par le soleil qui commence à décliner dans le ciel. Ça apporte un peu de magie supplémentaire à cette bourgade déjà tellement belle.
La journée était bien avancée quand nous sommes arrivées à Crail et tous les commerces étaient fermés. C’est dommage, j’aurais bien aimé pouvoir passer à la Crail Pottery. J’ai quand même jeté un œil à la cour intérieure via une fente dans la porte… Merveilleux !
Finir la journée en beauté : aller voir le coucher de soleil à South Queensferry
South Queensferry est un village a à peine 15 kilomètres à l’ouest d’Édimbourg. Ce que j’en retiens après deux ou trois balades n’est pas très long : une rue principale pavée le long de laquelle sont alignées de jolies maisons colorées et fleuries, plusieurs glaciers qui donnent envie de se gaver de glace et quelques pubs sympas.
Mais surtout, je retiens la vue incroyable sur les Forth Bridges, trois ponts indissociables de ce coin-là de l’Ecosse. Il y a le plus récent, le Queensferry Crossing emprunté le matin même (et le soir) en allant dans le royaume de Fife. Ouvert au public en 2017, impossible de ne pas s’émerveiller devant la délicatesse de son architecture : il ressemble à un voilier, avec ses trois grands mâts. Celui-ci se prend en voiture. Avec ses 2,7 kilomètres, c’est le plus long pont à haubans du monde.
Puis il y a le Forth Road Bridge, ouvert en 1964. On me dit souvent qu’il ressemble au Golden Bridge de Sa Francisco. La encore, c’est l’un des plus grands ponts suspendus au monde. Il mesure 2,5 kilomètres de long et lorsqu’il a ouvert, c’était le plus grand pont de la sorte à être construit hors des États-Unis. Aujourd’hui, seuls les transports en commun peuvent y circuler.
Et enfin, le plus impressionnant des trois ponts : le Forth Bridge. Inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis juillet 2015. C’est le sixième site World Heritage en Ecosse ! C’est le deuxième plus long pont ferroviaire de type cantilever au monde, et le premier de grande taille jamais construit (il mesure un peu plus de 2,5 kilomètres). Il date de la fin des années 1800 et il est reconnaissable entre mille avec sa lourde structure rouge vif ! Il est seulement utilisé par les trains – un aller-retour Edimbourg-Dunfermline permet d’y passer. 🙂
Une bonne adresse à ne pas louper : Ardross Farm Shop
Sarah m’a conseillée de m’arrêter à la ferme Ardross, entre Elie et St Monans. Meilleure idée du monde ! La boutique regorge de produits locaux et régionaux. Il y a bien évidemment de l’alimentaire (leurs tomates cerises étaient à tomber !), mais aussi des produits ménagers et des produits de beauté. Parfait !
Le code postal à entrer dans le GPS est KY9 1EU.
Infos Pratiques
★ Conduire dans le Fife, c’est arpenter de petites routes de campagne. Attention à adapter sa vitesse, notamment dans les virages, sans ralentir non plus comme un escargot.
★ Les routes sont bien indiquées MAIS certains panneaux sont vraiment minuscules et faciles à louper.
★ Il n’y a pas forcément beaucoup de réseau dans le coin. Pensez à télécharger les cartes Google Maps pour y accéder sans internet (est-ce qu’on s’est fait avoir ? oui).
★ Pour se garer dans les villages, il y a toujours plusieurs options. Privilégiez les parkings prévus à cet effet – la plupart sont gratuits. Gardez en mémoire que se garer en bord de route / le long des trottoirs n’est absolument pas conseillé. Ça obstrue la visibilité et rend certaines routes dangereuses.
4 commentaires
Bonjour Ophélie, merci pour ce blog très clair avec de très belles photos ! Merci aussi pour tes conseils je pars dimanche et du coup grâce à tes photos je vais aller faire un petit tour par Elie qui est sur le chemin (du bus) parce que je vais d’Edimburg à Anstruder voir les Macareux <3 Mais Elie je n'avais pas vu ce petit village sympathique et le X60 y passe donc top !
Corinne
Hello et merci pour ton petit message ! Je te souhaite un bon voyage, en espérant que le temps soit clément et que tu vois plein de macareux !
Ellie devrait te plaire, c’est si mignon. 🙂 x
De bons souvenirs !!! 😀
Exactement ! 😀 x