Premiers pas sur la John Muir Way : de Dunbar à North Berwick

par Ophélie
Publié le Edité le 8 commentaires
Hedderwick Burn

La John Muir n’est pas aussi populaire que la West Highland Way et pourtant, elle mérite d’être davantage connue. Ce trail traverse l’Ecosse d’ouest en est, de Helensburgh à Dunbar. Un long sentier de randonnée de 134 miles (215 kilomètres), accessible à pied mais également à vélo. Traditionnellement, il se marche d’ouest en est mais Sarah et moi avons opté pour l’autre sens. Nous sommes donc parties de Dunbar pour atteindre North Berwick (à prononcer norse berik), 24 kilomètres plus loin. L’idée de me lancer sur une randonnée un peu plus longue que d’habitude me démangeait sérieusement depuis quelques temps. J’aurais pu le faire en Angleterre – mais non, c’est en Ecosse que je me suis lancée.

L’étape Dunbar – North Berwick se divise en trois parties :

(1) De Dunbar au John Muir Country Park

C’est beau, nous sommes toutes vives et contentes de nous retrouver là.

► Paysages traversés : chemin côtier, plage de sable blanc, forêt.

► Animaux aperçus : un âne, des alpagas, des émeus (on a longé une ferme).

► Météo : grand ciel bleu, pas un nuage à l’horizon, mais beaucoup de vent.

 

(2) Du John Muir Country Park à East Linton.

Certains passages sont monotones à mort et du coup, on s’emmerde un peu.

► Paysages traversés : champs et bois.

► Animaux aperçus : des oiseaux, une coccinelle et un papillon.

► Météo : les nuages arrivent, ça fait du bien.

 

 

(3) De East Linton à North Berwick. 

Une fois encore, certains passages sont longs, longs, longs.

► Paysages traversés : champs, rivière et bois, avec une colline à l’arrivée.

► Animaux aperçus : des chevaux, des vaches, des moutons et un lièvre.

► Météo : nuageux mais rafraîchissant.

Le trail est bien balisé avec ces différents marqueurs. Attention à ne pas se planter entre la version cycliste et la version piétonne, qui sont légèrement différentes !

Carnet de bord

Mardi, 9h30. Le train arrive en gare à Dunbar. Il est encore trop tôt pour rejoindre le lieu de naissance de John Muir, où débute le trail, alors Sarah et moi prenons un café à emporter dans le seul bouiboui ouvert de la ville, que nous buvons assises sur les rochers derrière les ruines de la forteresse de Dunbar. Ça sent bon l’océan et l’air du matin est plutôt vivifiant. Mention spéciale pour la météo : pas un nuage en vue !

10h, il est l’heure d’aller au « John Muir’s Birthplace », l’endroit où est apparemment né John Muir. La dame de l’accueil, cachée derrière son masque, nous explique ce qu’il y a à voir dans le musée. Elle nous prévient qu’un documentaire est en train d’être tourné au dernier étage, mais que nous pouvons quand même nous balader. Elle nous prévient qu’il y a un sens de visite à suivre et du gel hydroalcoolique à plusieurs endroits. No worries, c’est devenu une habitude maintenant.

Nous profitons d’être là pour acheter notre « passeport » : un petit dépliant qu’il faut faire tamponner au fur et à mesure de la marche, comme une preuve tangible de notre resilience et de notre succès. La dame nous prévient, tous les postes de tamponnage ( ?) ne sont probablement pas ouverts à cause de la pandémie. C’est pas grave, nous ne comptons pas faire tout le trail en une traite.

★Ce que je retiens de la visite du musée : John Muir est né à Dunbar au XIXe siècle et a grandi dans cette petite ville portuaire. C’est dans les ruines de la forteresse qu’il a appris à escalader et qu’il s’est pris de passion pour la nature. Puis, il a suivi ses parents lorsqu’ils ont immigré en Californie, où son amour de la nature n’a cessé de croître, au cœur des montagnes de la Sierra Nevada. C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a, aux Etats-Unis, un John Muir Trail. Au cours de sa vie, cet écrivain naturaliste a milité pour la protection de la nature et a écrit plusieurs lettres, essais et livres sur ses explorations sauvages.

★ Ce que j’ai aimé dans le musée : les nombreuses citations de John Muir, qui résonnaient vraiment pour moi. 

John Muir's Birthplace

« The mountains are calling me, and I must go. »

John muir

John Muir Way, nous voilà !

10h50. Après une pause toilettes, nous nous lançons à l’aventure. Le chemin est bien balisé, il suffit de suivre les panneaux avec soit la silhouette de la tête de John Muir, soit la grosse flèche qui indique « John Muir Way ». Nous faisons bien attention à ne pas nous tromper, car il y a deux directions qui diffèrent légèrement : un path pour les marcheurs et un autre pour les cyclistes.

La première partie est plutôt sympa. Le chemin longe la côte en dentelle, monte et descend (un peu) avant de se retrouver coincé entre un terrain de golf et la plage. Il faut prendre garde à ne pas déranger les golfeurs qui sont nombreux ce jour-là. La plupart nous font un signe de tête et nous disent bonjour, ça donne le sourire et motive à avancer. Car oui, même si ce n’est le début et que nous sommes déterminée à ne pas trop traîner en route, un peu de motivation externe n’est jamais de refus.

Belhaven Bay et son pont au milieu de nulle part. C’est assez marrant de se retrouver là – j’ai déjà marché sur cette plage et traversé ce pont il y a quelques semaines avec Camille. Il est sur la plage, et enjambe un petit ruisseau (?) dans le sable. La construction (carrément) inutile mais (vraiment) marrante. Nous décidons d’ailleurs de couper par la plage : la marée est basse et nous ne résistons pas à l’idée de crapahuter dans le sable.

Note : le sable mouillé est marqué par les vagues, ça ondule, c’est joli. En plus, c’est sympa de marcher dessus. Par contre, le sable sec : quelle horreur ! Les pieds s’enfoncent, ça ralentit la cadence. On a l’impression de se traîner sur quelques dizaines de mètres. Ça nous apprendra à vouloir prendre un raccourci tiens.

Le sentier traverse ensuite le John Muir Country Park (décidemment, tout est estampillé au nom du bonhomme, au cas où on n’aurait pas compris qu’il vient du coin). Autour du chemin, ce sont des saltmarsh, des marais salants. Il faut rester un maximum sur le sentier pour ne pas abimer la nature en piétinant, des signes le rappellent à plusieurs endroits. Ça tombe bien, nous n’avons aucune envie de nous enfoncer dans les herbes qui ont l’air méga traîtres (aka elles ont l’air de dissimuler des trous et des bêtes). Dernier arrêt aux toilettes – il n’y en a pas sur le reste du chemin.

Belhaven Beach
Vous voyez la colline en arrière-plan ? C’est le North Berwick Law et c’est là que nous allons !

Changement de décor une fois sorties des marais salants avec la plantation de pins de Hedderwick Hill qui longe une sorte de ferme pour enfants. Il y a des lamas, des ânes, des émeus qui broutent tranquillement pendant que nous commençons à crever de chaud – il fait une chaleur assez dingue pour l’Ecosse. Faut dire que nous avons la constitution interne de nordistes hein.

Les heures qui suivent, nous progressons à travers les marais salants qui forment l’estuaire de la rivière Tyne : Hedderwick Sands. C’est beau, il n’y a personne à des kilomètres à la ronde. Nous nous arrêtons sur la plage pour déjeuner, davantage pour alléger les sacs que par faim. Devant nous, le sable s’étend à perte de vue et une colonie de mouettes et goëlands semblent dormir tranquillement. A droite, la forêt de pin s’avance vers la plage, ça me rappelle les Landes et les vacances familiales quand j’étais ado. Le mélange air marin/air forestier est tellement agréable !

Après ça, c’est monotone. Nous longeons des kilomètres et des kilomètres de champs, parfois le long de la rivière, parfois le long de la route (mais jamais sur la route, le chemin est bien foutu pour ça). Heureusement, les nuages sont là et il fait bien plus frais que le matin. Nous traversons aussi un nombre incalculable de ponts : en bois, en métal, parfois en bois et métal. Est-ce que je prends une photo de chacun d’entre eux ? Oui, parfaitement, pour passer le temps. Parce qu’on s’ennuie un peu parfois.

sur la John Muir Way
Mention spéciale pour ce portail qui « doit rester fermé ». 😀

Parenthèse : les ponts écossais

Aucune idée de pourquoi il y a tant de ponts sur le sentier mais en toute honnêteté, j’ai l’impression que nous avons passé notre temps à traverser un truc. Un bout de rivière, des marais salants, un cours d’eau, un fossé.

En suivant la rivière, il nous tarde d’arriver à Preston Mill, un moulin à eau qui date du 17e siècle, aujourd’hui géré par le National Trust for Scotland. Quand nous l’apercevons au loin, c’est la joie ! Il est fermé ce jour-là, mais nous pouvons quand même aller voir les bâtiments de plus près. Il est marrant, tout biscornu et de guingois (les ouvriers n’avaient vraiment pas les yeux en face des trous). En bonnes fans d’Outlander que nous sommes, nous repartons un peu déçues de ne pas y trouver l’ombre d’une fesse de Jamie Fraser.

 

👉 Petit aparté pour les fans d’Outlander (faites-moi signe dans les commentaires !) : si les lieux de tournage vous intéressent, il y a deux articles sur le sujet à (re)découvrir. Les lieux de tournage vus avant que je ne regarde la série et ceux après avoir binge watché tout ça !

Preston Mills

Est-ce que je suis fan de son architecture biscornue ? Of course !

L’étape suivante, East Linton, est mignonne. Un petit village rural comme on l’imagine, avec des petits cottages bien alignés le long des rues. C’est propret et assez vide : nous ne croisons qu’un ou deux locaux. La traversée se fait rapidement et nous retrouvons le chemin quelques centaines de mètres plus loin. Ensuite, c’est retour à la monotomie. Nous traversons tour à tour des bois, des champs, une espèce de forêt super sombre avec des arbres tout tordus, encore et encore des champs.

Au loin, nous voyons la silhouette du Law de North Berwick, la colline conique qui est notre point de chute. C’est mi-motivant, mi-déprimant. Nous avons l’impression qu’il est encore super loin, alors que nous savons qu’il reste à peine quelques miles. Nous nous occupons comme nous pouvons : nous faisons la liste mentale des endroits qu’on veut voir en Ecosse, des activités qu’on voudrait essayer. Et aussi, nous réfléchissons à ce qu’on va bien pouvoir manger le soir en rentrant.

East Linton

A partir de là, j’ai rangé l’appareil photo. Tout se ressemblait un peu trop pour s’embêter avec ça. Et puis, au détour d’un virage, nous arrivons enfin au pied de cette colline qui nous narguait depuis le début de la randonnée : le North Berwick Law. Nous sommes fatiguées, mais contentes d’être arrivées à terme de cette longue marche. Nous ne savons toujours pas quoi manger le soir, mais nous avons tout le temps d’y réfléchir pendant le trajet North Berwick – Edimbourg en train !

Pour conclure cette randonnée, c’était vraiment sympa pour une première marche longue durée. Nous avons mis presque sept heures, avec tous les arrêts photos et la pause déjeuner. Le terrain est relativement plat et le changement constant de paysages a le mérite d’être dépaysant. 

Ce qu’on aurait pu faire en chemin :

Visiter Preston Mill, si ça avait été ouvert.

Aller voir le Seabird Centre à North Berwick et observer Bass Rock, une île inhabitée où des milliers d’oiseaux de mer vivent / pondent leurs œufs.

Grimper en haut du Law de North Berwick. Ça n’a pas l’air bien haut, mais c’est presque 7 kilomètres de plus (et on en avait plein les pattes).

J’espère que cette première étape de la John Muir Way vous aura plu ! On se donne rendez-vous au printemps pour la prochaine !

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8 commentaires

Adrienne - Madame Dree 23 novembre 2020 - 09:26

C’est juste trop trop beau !
J’ai tellement hâte de pouvoir ENFIN y aller 🙂

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Ophélie G. 28 novembre 2020 - 15:44

Une fois que la pandémie sera passée, Will et toi êtes plus que les bienvenus à l’appart ! Surtout si vous n’êtes encore jamais allés en Ecosse. 😀 xx

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Lolli 16 octobre 2020 - 08:40

Ces paysages, c’est très joli . J’adore tous les petits ponts à traverser 🙂

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Ophélie G. 17 octobre 2020 - 09:11

J’ai au moins une cinquantaine de photos de ponts prises ce jour-là.. 😀 xx

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Camille 15 octobre 2020 - 17:33

Hello Ophélie,
je me demandais justement ce que valait le John Muir Way. Bravo en tout cas, car 24 kms c’est beaucoup. Et en 7h, c’est un bon rythme !
Normalement, la semaine prochaine (s’il fait sec, donc), je vais marcher 3 jours sur la West Highland way en faisant la plus belle partie (à mon sens), c’est à dire celle qui passe par Rannoch Moor. Je te raconterai !

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Ophélie G. 17 octobre 2020 - 09:10

Oh chouette ! Hâte que tu me racontes ça, j’espère que le temps sera au beau fixe. Au moins, pas de midges ! :p xx

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Itinera magica 14 octobre 2020 - 09:05

Merci pour ce joli article, j’étais curieuse de voir les paysages qui avaient bercé l’enfance de Muir!

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Ophélie G. 17 octobre 2020 - 09:10

Merci beaucoup ! Il a eu de la chance d’avoir de si beaux paysages pendant son enfance, je suis presque jalouse.. xx

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À PROPOS

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Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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