Après des mois coincée à la maison, l’envie de sortir d’Edimbourg et d’aller voir ailleurs, plus loin, se faisait vraiment ressentir. En feuilletant mes guides de voyage en Ecosse, je suis tombée sur des photos de l’Île de May : une île uniquement accessible en bateau, des falaises blanchies qui donnent sur des eaux turquoise et des oiseaux par milliers. Le point bonus ? Cette île se trouve à l’embouchure du Firth of Forth, à quelques kilomètres des côtes écossaises et à une heure de route d’Edimbourg. Deux-trois clics plus tard et la navette était réservée.
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Mercredi, 10h30, Sarah et moi partons d’Edimbourg. Les routes sont relativement calmes dans le centre et le deviennent davantage une fois le Queensferry Crossing passé. Là, nous quittons la nationale pour nous aventurer sur les routes départementales qui serpentent dans la campagne. Ça change, ça fait du bien. Moins d’une heure et demie plus tard, nous garons la voiture à Anstruther, en face du Scottish Fisheries Museum Trust. Notre bateau ne prend le large qu’à 13h30, nous avons juste le temps de prendre un jus d’orange et un millionnaire shortbread avant d’embarquer.
Anstruther, mignon petit port sur la côte du Fife
Anstruther, c’est le village typique de bord de mer : maisons aux façades édulcorées alignées les unes à côté des autres, chippy (les endroits où tu peux déguster un fish & chips, plat national du bord de mer) et tea rooms à foison, boutiques de souvenirs où tu as envie de tout acheter, y compris les dessous de verre et les nappes de table. Et le port qui domine tout ça, avec les voiliers dont les cordages claquent contre les mâts et où les bottes de pêche sont plus fashionables que ta bonne paire de Vans.
Le May Princess, notre navire pour l’après-midi, nous attend à quai. Nous nous demandons quand même comment nous allons embarquer : aucune passerelle en vue, va-t-il falloir enjamber le vide ? descendre l’échelle de fer ? C’est le moment un peu angoissant, mais pour rien, puisque la passerelle n’est tout simplement pas installée. Le temps de passer dans la petite cabane pour récupérer la carte de l’île et il est temps d’embarquer ! A nous les puffins et autres petits oiseaux ! J’en profite pour photographier l’illustration qui présente les oiseaux que nous pourrons observer sur l’île, en me disant que ça pourrait toujours me servir pour les identifier une fois sur place. Epic fail : après quelques minutes passées sur l’île, je ne me souviendrais que du nom des canards (des Eider) car il y en avait partout et des razorbills, mais juste parce que le nom est marrant (en français, c’est « petit pingouin », ça sonne moins bien).
Un des inconvénients de la pandémie en ce qui concerne le tourisme, c’est la nécessité de devoir tout planifier. Adieux les choix de dernière minute et spontanés. Mais un des avantages indéniables, c’est que les espaces sont limités : le May Princess, notre bateau d’excursion, n’est qu’à moitié remplie. De quoi profiter de l’aventure sans se sentir compressé !
Ohé matelots ! Direction l’Île de May !
La traversée ne dure pas plus d’une heure. Vue du port, la mer avait l’air plutôt calme mais une fois à flots, c’est une toute autre histoire. Personnellement, ça me convient : plus il y a de houle, mieux je me porte quand je suis à bord ! Ça me rappelle les sorties en mer à La Rochelle avec mon père, et je vis ma meilleure vie lorsque le May Princess tangue et que l’eau éclabousse le pont. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde sur le bateau…
Nous avons de la chance, le temps est dégagé ce jour-là. Au loin, la côte sud du Firth of Forth se dessine et nous avons une jolie vue sur le North Berwick Law et sur Bass Rock, une autre île inhabitée et réservée à la flore et à la faune (il est impossible d’y accoster, mais tout à fait possible de naviguer autour).
En arrivant près de l’Île de May, nous pouvons déjà voir les falaises blanchies par le caca de générations d’oiseaux (glamour), et aussi quelques oiseaux qui nous regardent passer. Ça annonce la couleur de l’après-midi. Sur le May Princess, notre capitaine nous parle des oiseaux qu’on va pouvoir observer mais entre le bruit du moteur, les éclats des vagues et les cris d’oiseaux, autant dire que nous n’entendons pas grand-chose. Le seul truc que je retiens, c’est qu’il nous conseille de mettre une capuche ou un bonnet : un accident est si vite arrivé sur une île envahie d’oiseaux !
Le capitaine nous demande également de respecter la nature : sur l’île, il faut impérativement suivre les sentiers balisés et ne pas s’en éloigner. La raison est simple : certaines espèces d’oiseaux nidifient à même le sol. Pour éviter de les blesser ou de les déranger, on reste donc sur les sentiers !
Une fois débarquées, Sarah et moi nous sommes éloignées du groupe. L’Île de May n’est pas très grande mais comme notre groupe n’était pas très large lui non plus, nous nous sommes rapidement retrouvées seules. On ne va pas se mentir, c’était très agréable que de se promener (en suivant les chemins !) et d’avoir l’impression d’avoir l’île pour nous ! Wonderful!
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L’Île de May : que voir ?
★ Des oiseaux, vous l’aurez bien compris. Nous y avons surtout vu des puffins (macareux), plusieurs espèces de terns (sternes) et de mouettes, des guillemots et des shags (cormorans). Selon la saison, il y a aussi des phoques gris (comme ceux que j’ai pu observer à Ravenscar, dans le Yorkshire !), des baleines de Minke ou des marsouins. Il y avait bien quelques phoques à l’entrée de l’île, mais pour le reste, nope. Nous avons également vu plein (plein plein) de lapins sauvages !
★ Il y a deux phares sur l’île. L’un d’entre eux a été construit en 1816 par Robert Stevenson, grand-père du célèbre écrivain Robert Louis Stevenson (à qui l’on doit les aventures de Dr Jekyll et Mr Hyde). Avec sa tour gothique, ce phare a tout pour ressembler à un petit château écossais. Le second phare, le Low Light, date de 1843 et est aujourd’hui utilisé comme observatoire ornithologique.
★ Les ruines d’un petit monastère. L’île a été habitée à des fins religieuses depuis St Adrian, au XXe siècle. Pendant les siècles qui ont suivi, l’activité religieuse n’a pas cessée et au XIIe siècle, un monastère fut fondé et offert à l’ordre bénédictin de l’abbaye de Reading, dans le Berkshire. Jusqu’au XVe siècle, les moines ont vécu leur meilleure vie, entourés de la mer et des petits oiseaux. Ce qui reste aujourd’hui sont les fragments de la chapelle du monastère, bâtie au XIIe siècle et dédiée à St Adrian.
Infos pratiques
★ Se garer à Anstruther : il y a plusieurs parkings dans le village, mais le moins cher reste celui juste en face du musée. Pour £1.60 (payable à la machine ou via l’application RingGo), vous pouvez rester garé toute la journée.
★ Aller sur l’Île de May : Covid oblige, nous avons réservé en ligne via Anstruther Pleasure Cruise. Le billet pour un adulte coûte £34 et inclut une excursion de 4 à 5 heures (dont quelques heures sur l’île).
★ Pauses toilettes : il y a des toilettes publiques gratuites dans le port d’Anstruther. Une fois sur l’Île de May, il y a également des toilettes gratuites au Visitor Centre, à quelques mètres de la jetée où vous débarquez.
★ Pause goûter : il n’y a pas de café sur l’île. Il est tout à fait possible d’emmener à manger, à condition de ne pas nourrir les oiseaux. Il y a un espace avec des tables de pique-nique.
Au fait, elle est où cette Île de May ?
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6 commentaires
Les macareux, j’ai l’impression d’être dans le roman de Jenny Colgan la petite boulangerie du bout du monde, j’adore !
Je ne connais pas du tout ce roman, je prends note. 🙂 xx
Ooooh, les macareux et les guillemots. ♥ J’aime tellement ces oiseaux ! (surtout les puffins)
Ça me donne très envie de prendre le bateau. Pas une année sans que je monte sur un bateau (normalement). ☺
xxx
Les macareux, c’est trop mignons ! Mais j’ai adoré les razorbills aussi, ils sont trop badass. 😀 Faire du bateau m’avait manqué.. Quand tu viens, on se loue un voilier pour quelques jours ?! xx
Très joli endroit ! Ca me fait un peu penser à Helgoland avec ses falaises et ses fous de Bassan. Merci de nous faire voyager !
Je vais aller lire ça sur ton blog ! J’aime tellement ce genre d’endroits naturels. ❤️ xx