The Real Mary King’s Close : une rue figée au XVIIe siècle

par Ophélie
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The Real Mary King's Close : une rue figée au XVIIe siècle

Old Town, la vieille ville d’Edimbourg s’organise d’une manière extraordinaire. Il y a une artère principale, le Royal Mile, d’où part une multitude de petites allées étroites, connues sous le nom de closes. Ces closes peuvent être des culs-de-sac, ou peuvent relier le Royal Mile à une autre rue parallèle. Certaines mènent à des rues qui se situent au même niveau que le Mile, certaines s’enfoncent dans les « sous-sols » d’Edimbourg. Un jour, je vous parlerai de mes closes préférées. Mais aujourd’hui, nous allons visiter la close la plus connue d’Edimbourg : The Real Mary King’s Close.

Note : il est interdit de prendre des photos à l’intérieur de la close. Les photos qui illustrent cet article sont la propriété de The Real Mary King’s Close et sont à retrouver sur le site officiel du site.

The Real Mary King’s Close, une rue figée dans le temps

Si la plupart des closes de Old Town ont évolué au fil des siècles, Mary King’s Close a été préservée du passage du temps. Habitée jusqu’au XVIIe siècle, toute activité cessa lorsque la close fut partiellement détruite et enterrée pour que les City Chambers soient construites. Le dernier habitant de la close quitta les lieux (enfin, il est mort) au début du XXe siècle. La close a été complètement oubliée, jusqu’à être mise à jour.

J’avais déjà visité l’endroit pendant mon premier séjour, à l’automne 2010. J’y suis retournée pour mon anniversaire avec Sarah – et ça nous a encore plus plu que la première fois. Probablement parce que, contrairement à il y a dix ans, notre anglais est bien mieux et nous a permis de mieux apprécier les explications de notre guide.

Un saut dans le temps…

Guidées par un résident de la close (en costume d’époque, bien évidemment), Sarah et moi nous sommes enfoncées dans le dédale des rues, des allées et des maisons de Mary King’s Close. Pendant plus d’une heure, nous sommes remontées au XVIIe siècle et avons écouté le récit de la vie des gens qui ont habité et travaillé dans la close, ainsi que le récit de ceux qui y sont morts.

La chose qui m’a marquée, c’est la hauteur des bâtiments, accentuée par l’étroitesse des rues : à peine plus d’un mètre de large pour certaines d’entre elles. Il faut s’imaginer qu’à l’époque, les étals d’un marché se tenaient là, alignés contre un mur, tandis que des enfants jouaient, que des gens marchaient… et que les toilettes y étaient vidées.

Certaines pièces de la close ne sont pas accessibles et pour cause, les planchers d’époque ne donnent pas envie. Il y a aussi cette pièce aux murs peints en vert… qui contiennent de l’arsenic.

… à la rencontre des résidents

Au cours de la visite guidée, nous avons rencontré différentes personnes ayant vécu entre les murs exigus. Il y avait Agnes Chambers, la femme de chambre ; Robert Fergusson, un célèbre poète ; Walter King, qui nettoyait les demeures décimées par la peste ; George Rae, le médecin spécialiste de la peste ; ou encore Andrew Chesney, le dernier habitant de la close.

Chaque personne avait son récit, son témoignage à apporter, pour mieux nous faire comprendre l’histoire de la close.

The Great Plague of 1645 – La peste de 1645

Comme un peu partout en Europe, la peste noire a envahi les habitations et décimé la population d’Edimbourg en 1645. Une légende dit que Mary King’s Close fut scellée en 1644 et que les quelques 400 personnes qui y habitaient furent laissées aux prises de la maladie, pour mourir tranquillement dans leur coin. Ce n’était pas tout à fait le cas.

En réalité, les malades étaient pris en charge par la ville d’Edimbourg, qui faisait son possible pour endiguer la pandémie. Les plus riches furent délocalisés, et les plus pauvres traités au mieux. Le célèbre docteur George Rae, avec sa panoplie de cuir, aidait les malades du mieux qu’il pouvait. Une curieuse rumeur courait sur lui : on le disait miraculé, car la peste ne semblait pas s’attaquer à lui. La vérité, c’est que sa tenue lui sauvait la vie. Outre son masque à bec (dans lequel il mettait des herbes aromatiques pour cacher l’odeur des cadavres en putréfaction et des mourants), la tenue de cuir qui le recouvrait des pieds à la tête empêchait les puces porteuses du virus de le piquer.

Bon, la méthode pour soigner les gens ferait pâlir nos médecins modernes. George coupait la plaie infectée et cautérisait le truc avec un tisonnier chauffé au rouge. Peu rassurant, mais néanmoins efficace.

Fun fact pas fun pour George : la ville d’Edimbourg ne pensait pas que George survivrait à la pandémie, surtout après avoir passé autant de temps à proximité des malades. Que nenni, il survit MAIS du coup, la ville n’avait pas économisé suffisamment d’argent pour le payer. Il mit des années avant de pouvoir toucher l’argent qu’il avait gagné.

Histoires de fantômes : le cas de la petite Annie

Nous sommes à Edimbourg, la ville aux mille et une histoires de fantômes. Profondément enterré sous le sol, le réseau d’allées étroites et de maisons abandonnées existe sous le Royal Mile depuis le XVIIe siècle. Bien évidemment que Mary King’s Close a ses histoires de fantômes. Et s’il y a bien un fantôme très connu, c’est bien celui de la petite Annie.

Dans une des salles, un monticule de peluches, de poupées et de jouets pour enfants sont déposés, offrandes au fantôme d’une petite fille aperçu par une medium japonaise dans les années 1990. C’est elle qui a d’ailleurs déposé la toute première poupée, pour apaiser l’esprit de la petite fille, en disant que tant que la poupée serait là, Annie serait sage. Malheureusement, la poupée disparut en avril 2019 et n’a jamais été retrouvée. Espérons que les autres jouets seront suffisants à ne pas réveiller la colère d’Annie

Quoi que, quelques mois après la disparition de la poupée, il y a eu le covid alors c’est peut-être lié. D’autant plus que c’est probablement la peste qui a emporté la gamine à l’époque. Vengeance ? Qui sait ?

Prenez garde au « gardyloo »

Une expression est restée de cette époque. Les gens les plus riches vivaient dans les étages en hauteur – plus près du ciel – tandis que les plus pauvres s’entassaient littéralement dans les habitations du bas. Quand les riches se débarrassaient du contenu de leurs « toilettes », il n’y avait pas d’égouts, ni de chasse d’eau. Alors ils vidaient le contenu des sauts en criant « gardyloo », ce qui vient du français pour « garde à l’eau ». En gros, quand vous entendiez le cri du gardyloo, vous ne restiez pas dans la rue, au risque de vous prendre une saucée d’excréments sur la tronche. Etant donné que le niveau d’hygiène n’était pas des plus hauts, valait mieux éviter.

 

Pourquoi « Mary King’s Close » ?

Mary King emménagea dans la close en 1635. A l’époque, la rue s’appelait Alexander King’s Close, d’après un avocat à succès de l’époque. Mary acheta deux propriétés dans la rue, dans laquelle elle tenait un étal sur le marché : elle y vendait des vêtements et du tissue pour subvenir aux besoins de sa famille. Malheureusement, elle ne sut jamais que la rue prit son nom, elle mourut en 1644 et la rue changea de nom un demi-siècle plus tard. Chose surprenante pour l’époque : malgré son mariage à un certain Thomas Nimmo en 1616, Mary garda son nom de jeune fille, au lieu d’adopter celui de son époux.

Bon, Mary n’était pas non plus une femme du bas peuple : à la mort de son mari, elle hérita d’argent et du titre de magistrat, ce qui lui permit d’avoir un siège au Council d’Edimbourg. D’ailleurs, ce n’était pas anodin puisque ce poste lui octroyait le droit de vote… 300 ans avant qu’il ne soit légal pour les femmes de voter en Ecosse (il faut attendre 1928 pour ça).

 

 

Infos pratiques

★ The Real Mary King’s Close est ouvert tous les jours de l’année, de 9h30 à 18h du lundi au vendredi et de 9h30 à 19h le week-end. Le tour se fait seulement en visite guidée. Il faut réserver sur le site.

★ Un billet adulte coûte £21 et un billet enfant coûte £15 (tarif 2023). Notez que les enfants de moins de 5 ans ne sont pas admis.

★  L’endroit se situe sur le Royal Mile, près de la Cathédrale St Giles. Impossible de se garer à proximité directe. Je vous conseille de prendre le bus ou de marcher.

★  The Real Mary King’s Close nous immerge dans l’Edimbourg pauvre du XVIIe siècle. Pour découvrir l’envers du décor, le côté plus aisé de la ville à cette époque, je vous conseille de visiter Gladstone’s Land, qui se situe à proximité. C’est une de mes visites préférées d’Edimbourg !

✏️ Une petite descente au XVIIe siècle, ça vous dit ?

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À PROPOS

Ophélie

Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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