L’heure est venue de partager le bilan de ces six dernières années. Parce que demain pour être précise, 6 ans se seront écoulés depuis le 12 septembre 2014, le jour exact où j’ai débarqué dans une petite ville du Lincolnshire, avec mes deux valises et mon sac-à-dos. Il faisait si beau ce jour-là, je m’en souviens encore comme si c’était hier ! Maintenant, je vis à Édimbourg, en Ecosse : ça fait une raison supplémentaire de revenir sur ces 6 ans de vie en Angleterre !
Note : j’utilise le terme expatriation alors qu’en réalité, c’est celui d’immigration qui est le plus adapté à ma situation. J’ai abordé le sujet dans cet article des #HistoiresExpatriées si le sujet vous intéresse mais pour la faire courte : je suis arrivée comme expatriée, mais mon séjour a perdu sa date de fin, ce qui fait de moi une immigrée. D’autant plus que j’ai récemment reçu mon Settled Status, ce qui me permet de rester vivre au Royaume-Uni de manière indéfinie.
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Le cycle de vie de l’expatriation : quatre phases bien définies
Si je m’en tiens au schéma ci-contre, une expérience d’expatriation se divise en quatre phases : (1) Lune de miel, (2) Choc culturel, (3) Acclimatation et (4) Adaptation. Puis c’est retour à la case départ, notamment dans le cas d’un retour au bercail ou d’un changement de pays.
Ma situation est assez singulière, puisqu’elle rentre dans ce cycle, mais pas dans le même ordre. Mon cycle d’expatriation en Angleterre a eu un début (12 septembre 2014) et une fin (23 juillet 2020). Aujourd’hui, je démarre un tout nouveau cycle, mais je ne suis pas rentrée en France pour autant. Je viens de m’installer à Edimbourg et je suis clairement dans la phase Lune de miel. D’où l’intérêt de laisser l’Ecosse de côté pour cet article bilan et de me concentrer sur mon expérience en Angleterre !
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6 ans au Royaume-Uni à travers ce « cycle »
1. La lune de miel et l’euphorie de l’arrivée
Clairement, je n’ai pas échappé à cette phase initiale. Il faut dire que je ne pouvais pas mieux commencer cette expérience en Angleterre. Je suis arrivée avec un job en poche pour l’année scolaire à venir et j’avais également un logement disponible. L’école où je travaillais m’a aidée dans toutes les démarches et tout s’est passé de la manière la plus smooth possible.
Rapidement, je me suis fait un cercle d’amis internationaux via mes colocataires. Même si Stamford n’était pas une très grande ville, il y avait suffisamment de pubs pour faire la tournée des bars plusieurs fois par semaine. Je voyageais beaucoup le week-end, des petits day trips ici et là, à travers l’Angleterre, seule ou entre amis. Je m’épanouissais complètement dans ce que je faisais, aussi bien à l’école où je travaillais qu’en rédigeant mon mémoire de Master. All was well.
2. Le choc culturel et la cruelle déception des différences
Je ne me retrouve pas tellement dans cette phase-là du cycle de l’expatriation. Bien que la culture anglaise soit différente de la culture française, on n’est pas non plus à des années lumières. Peut-être que c’est dû à mon entourage multiculturel, composé à l’époque d’Espagnols, Grecs, Lithuaniens, Américains, Anglais, Roumains et j’en passe ? Même à l’école, le département des langues avec qui je passais la majorité de mon temps était composé de collègues non-britanniques.
En y réfléchissant bien, rien ne m’a choquée et je n’ai vraiment rencontré aucune difficulté qui aurait pu faire que je sois déçue.
3. L’adaptation et la remontée des satisfactions
Je me suis facilement adaptée à la vie en Angleterre. Certaines habitudes sont devenues miennes : boire un Bloody Mary à trois heures de l’après-midi, faire mes courses en leggings ou même dîner à dix-sept heures, parmi les plus fun. J’ai rapidement été à l’aise en anglais, aussi bien avec les amis qu’au travail (aka mes élèves n’ont jamais eu de difficultés à me comprendre malgré le franglais constant). Mais ce qui a fait « remonter mes satisfactions », pour reprendre l’expression du schéma, c’est que j’avais des projets de vie, à court et à long termes.
Au bout de ma deuxième année de vie en Angleterre, je commençais à avoir une idée de ce que je voulais faire après mon expérience d’assistanat. Reprendre mes études pour enseigner le français en Angleterre. De là, j’ai planifié mon futur autour de ce projet, ce qui a rendu mon quotidien encore plus sympa qu’il ne l’était déjà. Je vivais chaque réussite d’une des étapes que je m’étais fixées comme un milestone, une victoire personnelle. Et là, je parle aussi bien d’avoir validé ma candidature pour le PGCE que d’avoir obtenu un entretien dans chacune des universités demandées. A l’époque, il n’y avait pas de « petite » victoire, seulement des victoires.
4. L’acclimatation et la stabilisation
Clairement, mon arrivée à Scarborough marque le début de cette quatrième phase de ma vie d’expatriée en Angleterre. J’ai décroché un boulot dans un chouette école, j’ai trouvé un appartement génial, j’ai acheté une voiture – c’était un peu le jackpot, et tout s’est passé super rapidement.
Malgré tout, c’est aussi là que j’ai véritablement approché la phase 2 de beaucoup trop près à mon goût. La faute à la routine qui s’est installée, et à un quotidien sans saveur qui manquait clairement de challenge. Je ne dis pas que la vie en tant que prof n’est pas challenging comme le disent si bien les Anglophones, mais je ne faisais rien d’autre que travailler. Finies les sorties entre amis (je ne connaissais personne dans la ville), finies les escapades du week-end (je n’avais ni le temps, ni l’envie). J’avais l’impression de faire du sur-place, et j’ai horreur de ça.
Jusqu’alors, chaque année qui s’ajoutait à mon compteur d’expat était liée à de nouvelles opportunités, de nouveaux défis. Rester un an supplémentaire comme assistante, décrocher un job de professeure pour adulte, expérimenter l’au-pair pour une famille, faire du volontariat, reprendre mes études, commencer un nouveau travail. Et puis là, c’était fini. Je n’avais pas le temps de réfléchir à de nouveaux projets, et ça m’a beaucoup minée.
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► Retour à la case départ : changer de pays, changer de vie. Direction Édimbourg et l’Ecosse !
Comme dit plus haut, je suis bel et bien dans la phase 1 de ce cycle de vie de l’expatriation. J’ai un peu l’impression que tout m’émerveille, alors que je connaissais déjà bien Édimbourg. Je redécouvre le bonheur de déambuler dans les rues, sans but précis, à admirer les vieux bâtiments du Old Town ou ceux plus récents de New Town. Je sors boire des cafés en ville et je traîne dans les librairies. Je retrouve des amis autour d’un café ou pour un repas. Je pars à l’aventure dans le pays, je fais du camping et pars en randonnée de plusieurs heures. C’est l’éclate absolue.
Mais je sais déjà que je vais une nouvelle fois échapper à la phase 2. Je ne vais pas expérimenter de choc culturel parce que la culture écossaise et moi, on est déjà bien copines. Ce n’est pas très différent de la culture anglaise me direz-vous, mais ce n’est pas un débat dans lequel j’ai envie de rentrer pour le moment. Peut-être qu’une fois que j’aurai plus de recul, qui sait ?
Rendez-vous l’année prochaine, pour le bilan des 7 ans ! J’ai lu quelque part (mais impossible de me souvenir d’où, une idée ?) que 7 ans marque une étape importante dans le cycle de vie à l’étranger : je verrai bien où cette nouvelle année va me mener. Pour le moment, même si 2020 est shite sur plein de plans, elle s’annonce bien sur d’autres.
4 commentaires
Joyeux anniversaire d’immigration ! 🙂 Moi ça fera quatre ans ce mois ci… Le temps passe tellement vite! Je n’ai jamais ressenti la deuxième phase de choc culturel non plus je l’avoue, j’adore ma vie ici. Je suis sûre que tu vivras plein de belles aventures en Écosse, je suis super contente pour toi ! xx
Merci Clem ! C’est cool de lire que je ne suis pas la seule à avoir échappé à la Phase 2 ! Bon anniversaire en avance. 🙂 xx
En arrivant à Hambourg, j’ai vécu la phase 1 en même temps que la phase 2. A la joie de vivre enfin dans le même pays que mon amoureux (et même avec lui) s’est ajoutée dès le départ le stress de mes problèmes administratifs, le fait que certaines administrations soient de mauvaise foi, refusent de reconnaître mes diplômes français et en profitent pour me payer le tiers de mes collègues… Puis l’acclimatation s’est faite et au bout de 7 ans (environ), j’ai commencé à avoir vraiment le mal du pays à avoir envie de rentrer en France, à déprimer. Mais pour des raisons familiales, ce n’est pas possible alors je me fais une raison et finalement, j’ai une belle vie ici.
Merci d’avoir partagé ton expérience, je trouve ça super chouette de comparer mon ressenti avec celui de quelqu’un d’autre. ♥ Je suis désolée de lire que tu as commencé à déprimer, et j’espère que ça va mieux aujourd’hui ! xx