Suis-je une expatriée ?

par Ophélie
Publié le Edité le 17 commentaires
Suis-je une expat ?

Cette question, qui peut paraître si simple, est le nouveau thème des #HistoiresExpatriées : suis-je une expatriée ? Si elle paraît simple, lue comme ça, c’est parce que les mots ne sont pas très sophistiqués. Sujet, verbe, complément. Même la ponctuation y est. Mais derrière cette simple question se cache, je pense, un sujet relativement sérieux.

Les faits : mon parcours à l’étranger

Un bref résumé de mon parcours de vie à l’étranger. Entre septembre 2011 et juin 2012, je suis partie à Glasgow en Ecosse, dans le cadre du programme Erasmus. Je considère cette année scolaire comme ma première expérience de jeune adulte : je suis partie seule, dans un pays que je ne connais que superficiellement.

En septembre 2014, je suis repartie, cette fois pour une première expérience professionnelle. Je me suis installée à Stamford, dans le Lincolnshire, où je suis restée trois ans. Puis, j’ai repris mes études à l’université de York entre septembre 2017 et juillet 2018, avant de rentrer, pour de vrai, dans la vie professionnelle à Scarborough, où je suis encore aujourd’hui.

Je suis partie en 2014 dans l’optique de rester une année scolaire – année qui s’est stretched pour devenir un séjour à la durée indéterminée. Employée, étudiante, employée de nouveau. Sans jamais d’autre plan que le prochain. J’étais alors incapable de voir plus loin que les mois qui allaient suivre. C’était parfait.

Expatriée, immigrée, migrante : difficultés linguistiques

Le choix des mots est important. La langue française est merveilleuse, avec sa ribambelle de mots aux significations si fortes.

Selon le dictionnaire Larousse, s’expatrier signifie :

  1. quitter volontairement sa patrie, partir en exil
  2. quitter à regret un lieu dans lequel on aimait vivre.

L’adjectif expatrié qualifie :

  1. une personne qui a été expatriée ou qui s’est expatriée
  2. un salarié qui exerce ses activités dans un pays autre que le sien.

L’adjectif immigré quant à lui, décrit quelqu’un qui a quitté son pays d’origine pour s’installer dans un autre pays. Enfin, un migrant, c’est quelqu’un qui effectue une migration.

Les définitions sont un peu vaseuses et semblent s’entrecouper. Si je m’en tiens au Larousse, je ne suis donc pas une migrante parce que je suis déjà établie dans un autre pays. Par contre, je peux aisément me qualifier à la fois d’expatriée et d’immigrante. Alors, elle est où la différence ? Honnêtement, je ne la comprends pas tellement – probablement parce que je m’en fiche au fond. Dans le sens où ça n’a pas d’importance pour moi.

Suis-je une expatriée ou une immigrée ?

Ma perception des choses

 Je déteste les étiquettes et je ne me suis jamais véritablement interrogée sur mon statut. Je suis juste une française qui habite en Angleterre. Parce que dans les faits :

  1. Je suis française ;
  2. Je vis en Angleterre depuis 5 ans et demi ;
  3. J’ai des diplômes français et anglais ;
  4. Je travaille en Angleterre mais n’ai jamais travaillé en France (autres que des boulots étudiants).

En ce qui concerne les plans d’avenir, en voici 2 :

  • Je ne compte pas rentrer en France, ce n’est pas prévu à court ou long terme pour le moment.
  • Je ne vais pas n’éterniser à Scarborough, parce que je n’aime pas cette ville, mais je n’envisage pas de quitter le Royaume-Uni de sitôt.

Je me suis toujours désignée comme expatriée – c’est même dans la définition du blog. Non pas suite à une réelle réflexion, mais plutôt parce que c’est un mot qui résonne aisément dans l’esprit des gens. Avec ce mot, expatrié, il n’y a pas besoin de donner davantage de détails : on est compris comme vivant dans un autre pays. Le problème, c’est qu’il semblerait que les termes d’expatrié et d’immigrants soient connotés, positivement pour le premier, négativement pour le second.

J’ai lu dans un article que les expatriés, c’était surtout les gens blancs qui vivaient à l’étranger – à opposer aux gens de couleurs, qui eux seraient des immigrés. L’article (à lire en fin d’article) dit très justement que dans le lexique de la migration humaine, il y a toujours des mots hiérarchisants, créés dans le but de mettre les personnes blanches au-dessus de toutes les autres.

Je ne sais pas où je me place dans ce débat. Parce que personnellement, on peut me qualifier d’immigrée ou d’expat, ça n’a aucune espèce d’importance puisque ça décrit ma situation telle qu’elle est. Je ne vois aucune honte à être qualifiée d’immigrée. Par contre, je conçois tout à fait que le débat puisse-t-être important pour d’autres. Mon statut de femme blanche dite « privilégiée » est un facteur important dans ma vision des choses, je pense. Ma manière de penser ces termes serait peut-être différente si je n’étais pas une femme, si je n’étais pas blanche, si je n’étais pas d’un pays développé.

Suis-je une expatriée ?

La seule chose que je retiens, encore une fois, c’est que je suis française, installée au Royaume-Uni. Et c’est tout ce qui importe. Je suis à la fois expatriée et immigrée, avec tout ce que cela implique. Certains me verront toujours comme une expat’ (parce que ça semble être so cool), d’autres comme une immigré. Quelle que soit la connotation qui se cache derrière ces termes, ça ne change rien à ma vie.

A lire sur le sujet

Pour pousser la réflexion, je vous invite à lire les articles ci-dessous (en anglais), qui s’épanchent avec plus de précision sur ce vaste débat qu’est l’expatriation vs l’immigration :

Suis-je une expat ?
Pourquoi es-tu partie (et restée) ?

Cet article fait partie des #HistoiresExpatriées, rendez-vous mensuel des expats et ex-expats francophones dans le monde. C’est Lucie, du blog L’Occhio di Lucie qui a imaginé et mis ce projet en place.

C’est également elle qui est à l’origine du thème de ce mois-ci : suis-je un(e) expat ?.

A partir du mois prochain, les #HistoiresExpatriées prennent une nouvelle tournure ! En attendant, retrouvez tous les thèmes précédents. 🙂

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17 commentaires

Plutôt ville ou plutôt champs? – Hilo Rico (#tripofmylife) 15 janvier 2024 - 21:30

[…] Ophélie, en Angleterre immigré et expatrié […]

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Liz 22 décembre 2019 - 05:54

C’est vrai qu’au final, le mot qu’on utilise ne change rien à notre vie… C’est cependant interessant de voir ce qui se cache derrière des mots pourtant utilisés si couramment !

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Ophélie G. 26 décembre 2019 - 13:12

Je suis d’accord – ça ne change rien, mais c’est intéressant de lire les différents points de vue. 🙂 xx

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Elia 20 décembre 2019 - 15:15

Cet article est vraiment très intéressant. Je suis allée lire celui du Guardian, je ne m’étais jamais posé la question. Voila qui donne a réflexion!

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Ophélie G. 20 décembre 2019 - 16:09

C’est fou quand même, comment on ne pense pas spécialement à notre propre situation tant que personne ne nous y fait penser.. xx

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3 kleine grenouilles 16 décembre 2019 - 13:15

Dans ton cas ( ou dans le mien), il s’agit d’un expatriation mais sans pour autant être une expatriée ( si l’on prend la définition générale du terme). La question qu’on me pose le plus souvent ici c’est de savoir si je me sens Allemande. Quand je réponds non, les gens sont vexés et si je dis oui, je me retrouve à mentir. Est-ce qu’on te pose le même genre de questions au Royaume-Uni ?

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Ophélie G. 16 décembre 2019 - 18:11

Je suis bien d’accord avec toi ! Nous avons des cas similaires. :p
Ah non, on ne m’a jamais demandé si je me sentais française ou anglaise et tant mieux, parce que je ne saurais pas du tout quoi répondre. Tout dépend de ce qu’on entend par « française », « anglaise » ou « allemande » je crois.. Du coup, tu te sens quoi ?? xx

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Lucie 15 décembre 2019 - 18:38

Merci pour ta participation Ophélie ! En fait, tout l’intérêt de se poser la question, selon moi, n’est pas de porter une étiquette mais de prendre conscience des catégories dans lesquelles on place les autres ou soi même. Par « on », j’entends aussi bien notre regard sur nous mêmes et les autres que le regard de la société qui peut valoriser ou non des situations, et prendre un tour politique lorsqu’il s’agit de parler de ces personnes…

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Ophélie G. 16 décembre 2019 - 18:10

J’avoue que les étiquettes et moi, ça fait au moins dix. J’avoue que je ne me suis jamais réellement posé la question de mon status perso avant que tu proposes le thème de ces #HistoiresExpats ! Maintenant, je vois les choses un peu différemment, toujours en me fichant autant des définitions. xx

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Alexiene 15 décembre 2019 - 12:13

Décidément, nous avons tous utilisé les mêmes dictionnaires 🙂
Je crois que ça fait partie du privilège de l’immigré d’Europe de l’Ouest (à la peau blanche) que de se ficher de son statut. Parce que malheureusement pour d’autres, ils n’auront jamais le choix des étiquettes…
Mais comme Ana, je pense que ton parcours est un réel parcours d’immigration pour venir se fixer au pays du Sunday Roast :p Genre s’enraciner ici (prends bien racine, le Brexit arrive ^^ »). C’est beau d’aimer un pays à ce point ! 🙂

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Ophélie G. 16 décembre 2019 - 18:08

Bien d’accord avec toi, nous sommes privilégiés, qu’on le veuille ou non. Je suis partie en tant qu’expatriée (contrats de base d’un an, renouvellé deux fois) mais aujourd’hui je suis bien immigrée. Mais j’ai l’impression que c’est vraiment une question de choix de définition, plus qu’une perception personnelle (du moins, dans mon cas). Pour le moment, j’ai mon pre-settled status qui me permet de rester jusqu’en 2024 – après, il faudra peut-être que je change de pays, qui sait ? xx

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Ana 15 décembre 2019 - 09:44

Très honnêtement un “expat” c’est surtout quelqu’un envoyé par sa boîte pour une durée déterminée et souvent dans un poste prestigieux. Je crois que ce terme est trop utilisé parce qu’il sonne mieux qu’”immigré”. Mais dans ton cas tu es bel et bien une immigrée. Tu es venue de ton plein gré et tu comptes rester pour une période indéterminée, donc oui tu es une immigrée (et moi aussi), notre parcours est très similaire et il ne me viendrait jamais à l’esprit de me considéré comme “expat”.

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Ophélie G. 15 décembre 2019 - 09:51

Je suis d’accord, le terme expat sonne mieux qu’immigré. Mais les définitions évoluent et aujourd’hui, si tu regardes dans un dictionnaire, le terme « s’expatrier » ne signifie plus nécessairement d’être envoyé par sa boîte. Il n’est pas non plus question de prestigieux là-dedans. Dans tous les cas, peu importe les termes en fait, on est juste des gens qui avont choisi d’aller voir ailleurs si l’herbe y est plus verte. 😉 x

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Ange & Like 15 décembre 2019 - 08:53

Voilà, tu as trouvé le résumé parfait : à bas les étiquettes !
Petites questions subsidiaires : pourquoi avoir choisi le pays dans lequel tu vis ? N’as-tu jamais envisagé d’aller voir comment est la vie ailleurs ?

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Ophélie G. 15 décembre 2019 - 09:14

J’ai choisi le RU parce que j’ai toujours été attiré par le monde britannique – notamment par la culture et les traditions (et pas tellement par sa politique à chier). Je n’ai encore jamais songé à vivre ailleurs parce qu’aucun pays ne m’intéresse autant. Il y a aussi tout le côté historique de l’histoire franco-britannique qui ajoute un peu de piquant à ma curiosité et à mon attrait. Bref, je n’ai jamais eu envie ou besoin de réfléchir à aller voir ailleurs. 🙂 xx

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Ange & Like 15 décembre 2019 - 10:05

Merci pour tes réponses. Alors je te souhaite longue vie de l’autre côté de la Manche 😉 !

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Ophélie G. 15 décembre 2019 - 11:00

Merci ! 😀 xx

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À PROPOS

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Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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