Sur la Route des Îles entre Fort William & Mallaig (j’ai vu le Poudlard Express !)

par Ophélie
Publié le Edité le 2 commentaires

Vendredi 15 mai. Il pleut des cordes, comme la veille. De la chambre de notre Airbnb à Caol, au nord de Fort William, une épaisse écharpe de brume dissimule Ben Nevis – ce n’est pas aujourd’hui que nous verrons le plus haut sommet d’Ecosse, un Munro (le mot écossais qui signifie montagne de plus de 914 mètres, on est précis dans ce pays) qui s’élève à 1345 mètres. Tant pis. Le plan du jour : parcourir la Route des Îles jusqu’à Mallaig, avant de redescendre jusqu’à Oban, notre prochain point de chute.

Certes, c’est un détour. Rejoindre Oban depuis Fort William est direct, si on suit la route directe (#NoShitSherlock). Mais j’ai envie de faire découvrir à mes parents une route que j’apprécie beaucoup dans le coin. La Route des Îles s’étend de Fort William à Mallaig, d’où partent plusieurs ferries pour rejoindre, entre autres, les îles de Skye, Rum et Eigg. C’est une route rapide pour qui n’est pas pressé, il faut une heure à tout casser pour parcourir les soixante-huit kilomètres.

Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas pressés et j’ai prévu un planning de tous les diables.


► Cet article retrace la deuxième étape d’un road trip familial en mai 2022 dans les Highlands. Il y a déjà deux billets à ce sujet sur le blog : d’abord le récap’, l’itinéraire et les bonnes adresses puis le récit de la première journée, pendant laquelle nous avons traversé Glen Coe via la route scénique A82… sous la pluie !

► Ce billet est long : pour ceux qui cherchent des informations sur les arrêts à faire le long de la Route des Îles, je prépare un article complémentaire condensé.


Sur la Route des Îles entre Fort William et Mallaig

Arrêt à Glenfinnan : nous avons vu le Poudlard Express !

Nous quittons notre Airbnb tôt, après une large tasse de café pour nous réveiller. J’ai mal dormi et je suis fatiguée = je suis un peu bougonne. La pluie qui tombe en rafale n’arrange rien, mais il n’y a pas grand-chose à faire, si ce n’est zipper la veste de pluie jusqu’au menton et prendre le volant en râlant un peu.

9h30, je gare la voiture sur le parking du site de Glenfinnan. Je ne l’ai jamais vu aussi vide, ça relève du miracle ! Mon humeur s’améliore instantanément. Je n’avais encore jamais réussi à m’y garer : les deux fois où je suis passée par là, le parking principal et l’overflow car park (le second parking qui ouvre quand le premier est plein) sont pleins à craquer. A l’été 2020, nous avions miraculeusement trouvé une petite place sur le parking de la gare, et la pandémie n’était pas encore terminée, le tourisme n’avait pas repris.

 

► Glenfinnan Monument

Il n’y a personne non plus du côté du Glenfinnan Monument, une haute colonne de 18 mètres qui commémore les Highlanders morts pour la cause Jacobite. Bâti en 1815, le Monument de Glenfinnan domine la rive nord du Loch Shiel. Les fans de Harry Potter reconnaîtront peut-être ses eaux sombres : Harry les survole sur le dos de l’hippogriffe Buck dans le troisième volet de la saga.

Nous traversons la route pour nous enfoncer dans les terres. Nous commençons par le point de vue qui jouxte le café et le Visitor Centre : une montée plutôt facile, terminée en quelques minutes. D’un côté, le Monument se dresse fièrement devant le loch. De l’autre, un autre monument nous attend : le Viaduc de Glenfinnan, lui aussi rendu célèbre par les films Harry Potter.

Speaking of which, c’est pour cette raison que nous sommes arrivés si tôt : notre arrêt correspond avec le passage du célèbre train à vapeur, le Jacobite Steam Train, que les Potterheads appellent familièrement le Poudlard Express.

► Glenfinnan Viaduc

Le sentier qui mène au viaduc est simple et très bien balisé. Il s’enfonce dans la vallée en longeant la rivière, passe sous le viaduc et monte gentiment dans les collines. Il y a quelques marcheurs devant et derrière nous, mais vraiment pas beaucoup.

Le viaduc de Glenfinnan, bâti entre 1897 et 1901, est un monstre d’ingénierie victorienne : 21 arches de béton, alignées en arc de cercle et haut de 30 mètres. Il traverse la vallée sur 381 mètres, et on se sent tout petits quand on passe dessous. Je l’avais déjà vu mais l’effet reste le même, je suis impressionnée par la grandeur de l’édifice. Mes parents aussi.

Il pleut dru, et l’eau qui goutte fait un vacarme autour de nous. Les feuilles des arbres ploient sous le poids de l’eau et le sommet des montagnes environnantes est caché par la brume. Heureusement, le sentier aménagé ne glisse pas et à part pour éviter une énorme flaque d’eau au tout début, les bottes de pluie ne sont pas nécessaires.

Quelques photographes sont déjà là, à installer leur équipement. Nous dénichons un promontoire à l’écart, et nous attendons. A l’approche de l’heure fatidique, tout le monde se tait. Chacun tend l’oreille, pour entendre le train approcher. La pluie en a décidé autrement et redouble de férocité – impossible d’entendre quoi que ce soit. Alors on plisse les yeux et on essaye de distinguer la fumée blanche de la locomotive au-dessus des arbres.

Ça y est, le train arrive ! Il est 10h50 quand nous le voyons approcher silencieusement. Il s’avance sur le viaduc, ralentit dans la courbe. Là, le conducteur s’en donne à cœur joie, à grand coup de sifflets (qu’on entend cette fois !) et de panaches de fumée. Je crois que quelqu’un pousse un cri de joie mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde s’émerveille devant le spectacle. En une minute à peine, le train est de l’autre côté du pont et s’éloigne. La fumée de la locomotive s’élève entre les arbres pendant une poignée de secondes supplémentaire et bruit de la pluie reprend ses droits. Clairement, il ne manque plus que les Détraqueurs pour ajouter un peu plus de drama à cette atmosphère déjà gothique à souhait.

Petite pause-café au Visitor Centre et lecture en diagonale de l’expo sur les mouvements Jacobites, et nous repartons.

► St Mary & St Finnan’s Church

L’église de St Mary & St Finnan mérite aussi un bref arrêt. Perchée sur un piton, elle domine le Loch Shiel de toute sa taille. J’en fais le tour, appareil photo en main, pendant que mes parents attendent bien sagement dans la voiture. Il faut dire que la pluie ne nous lâche pas la grappe aujourd’hui. Clic clac ! une photo et me revoilà au chaud dans la voiture.

Je lirai par la suite qu’elle est très récente : elle fut achevée en 1872.

Nouvel arrêt Harry Potter : sur la rive du Loch Eilt

Loch Eilt, avec un « t », pour ne pas confondre avec le Loch Eil, à l’entrée de la Road to the Isles. Là encore, le lieu est connu parmi les fans de Harry Potter. On y trouve l’île sur laquelle est enterré Albus Dumbledore dans le sixième film. Malheureusement, je sais aussi à quel point l’endroit est tricky : il n’y a qu’un seul mini-parking sur le côté de la route et si une voiture est déjà garée, c’est pas la peine d’essayer. Heureusement, il y a des travaux sur la route qui longe le loch, ce qui oblige tout le monde à ralentir.

Hallelujah ! Il n’y a personne, et je peux me garer. Encore une fois, juste le temps de prendre une photo de cette petite île avant de laisser la place au prochain chanceux.

Notez que dans le film, l’île a été utilisée mais par la suite déplacée par montage dans un cadre plus beau encore. La magie du cinéma !

Le traditionnel arrêt au bord du Loch Nan Uamh

La rive de ce loch est facile d’accès grâce à un long parking, souvent désert. Vous avez déjà vu ce panorama sur le blog : je m’y suis arrêtée à chacun de mes passages sur la Route des Îles, car la vue est sublime, quelle que soit la météo. Sur la gauche, on peut apercevoir un autre viaduc, bien plus petit et moins impressionnant que celui de Glenfinnan, mais très sympa quand même.

Le viaduc se perd un peu dans la brume…

Les plages de la route B8008

Avant d’arriver à Arisaig, je guette le signe qui indique la route alternative. Nous quittons l’A830 pour nous enfoncer sur la B8008, la Alternative coastal road. Un tronçon parallèle qui permet également de rejoindre Mallaig, mais avec en prime une route très étroite (une des fameuses single track road avec des passing places) et une série de plages de sable blanc à couper le souffle.

L’A830 est pratique quand on veut rejoindre Mallaig d’une traite. Quand on a le temps, mieux vaut en perdre sur la route côtière. Elle monte, elle descend, elle se perd entre les collines, traverse des champs où paissent un tas de moutons et quelques hameaux, avant de longer la mer. Et quel spectacle !

La pluie s’est ENFIN arrêtée pour nous donner un peu de répit. Il y a un vent à décorner les bœufs, mais ça a le mérite de faire sécher nos vestes de pluie. A l’horizon, le ciel change rapidement. C’est beau, beau, beau !

Nous nous arrêtons dès que nous en avons envie : face à la plage d’Arisaig, puis celle de Camusdarach, et puis dans la Baie de Morar. J’étais tombée sous le charme de la plage de Morar, justement appelée les Silver Sands of Morar, quand j’y avais campé il y a deux ans. La vue est un chouia moins spectaculaire avec ce ciel gris, mais ça reste un endroit magique tout de même.

Regardez-moi ce ciel, ces dégradés de bleus et de verts !

Arrivée à Mallaig… et retour sur nos pas

Mallaig est la dernière étape de la Road to the Isles. Nous ne nous y attardons pas, juste le temps de faire quelques courses pour le pique-nique du jour. Nous devons redescendre du côté d’Oban où nous attend notre prochain Airbnb. Il n’y a de toute façon pas grand-chose à faire dans la ville, si ce n’est admirer le Jacobite Steam Train qui est arrivé bien avant nous et qui attend sagement à quai.

 

Coucou l’épave du MV Dayspring à Corpach

Avant d’arriver à Fort William, nous nous arrêtons à Corpach. Il n’y a pas grand chose à voir dans ce village, si ce n’est l’épave du MV Dayspring, échouée depuis 2011 sur une petite plage entre le Loch Eil et le Loch Linnhe. Il a fait un sacré bout de chemin entre Kinlochleven et Corpach !


Cette deuxième étape touche à sa fin. Ce soir, j’initie mes parents aux joies du glamping. Nous dormons dans un pod similaire à celui dans lequel j’avais dormi avec Sarah près du Loch Katrine, mais en plus sophistiqué : il y a une salle-de-bain complète dans le pod même, c’est parfait (ma mère n’est pas prête pour le camping sauvage). Ce pod est tenu par une famille à Dunberg, à quelques miles au nord d’Oban : c’est celui-ci sur Airbnb. C’est parfait pour la suite de nos aventures.

J’espère que cet article vous aura plu. Prochaine étape : Oban, des châteaux en ruine, une poignée de vaches écossaises, des chutes d’eau, la plus belle église du monde (au moins) et un pub hanté

✏️ Si ce billet vous a plu, n’hésitez pas à le commenter et à le partager ! Ça me fait toujours plaisir de lire vos retours et vos partages d’expérience.

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2 commentaires

Audrey 19 juillet 2022 - 14:42

Quand je vois tes photos, je me dis toujours que ce n’est pas étonnant que la littérature gothique et les histoires de châteaux hantés soient les spécialités du cru… Ton voyage est toujours aussi beau, en tout cas.

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Ophélie 20 juillet 2022 - 08:50

Clairement, ça ne sort pas de nulle part ! Les histoires de fantômes sont légion dans le coin et j’imagine qu’il doit y en avoir pas mal sur le lieu du massacre de Glen Coe.. Merci Audrey ! x

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À PROPOS

Ophélie

Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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