La carte postale, c’est un peu le symbole absolu des vacances. Un endroit lambda présenté sous son plus beau jour, imprimé sur du papier glacé, avec peu d’espace pour résumer un séjour. Avec la carte postale, il faut aller à l’essentiel, dire le meilleur et taire le pire. La carte postale, c‘est toujours un peu kitsch, mais quel plaisir d’en envoyer et d’en recevoir ! Pendant tout le mois d’août, du lundi au vendredi, retrouvez une nouvelle carte postale sur le blog : des endroits où je suis allée, dont je n’ai pas parlé ou que j’ai simplement mentionnés.
« De gros bisous de la West Kirk, les restes d’une église très pittoresques dans le Royaume de Fife ! » |
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J’ai toujours adoré flâner dans les cimetières – je blâme les romans Chair de Poule pour ça, je les lisais et relisais jusqu’à les connaître par cœur. Au Royaume-Uni, ce n’est pas quelque chose de bizarre : ici, on peut s’y balader, y prendre ses pauses déjeuner, s’amuser à lire les vieilles inscriptions sur les pierres tombales. A Stamford, une église a été reconvertie en boutiques (je me souviens notamment d’un opticien et d’un magasin de cartes) : le petit cimetière adjacent a des bancs et sert régulièrement d’endroit pour engloutir son sandwich le midi.
Bref, pendant un road trip complètement improvisé (= zéro préparation) en Ecosse à l’été 2018, je me suis baladée à Culross. Google Maps indiquait la West Kirk à à peine un mile du village, et ça nous a convaincues, Ana et moi, d’aller nous y balader. L’endroit paraissait prometteur : une église abandonnée et en ruines, en pleine cambrousse, avec un vieux cimetière tout aussi décrépi. La sortie parfaite.
En plus, la petite église a servi de tournage pour la série Outlander. Dans l’épisode 3 de la saison 1, Jamie et Claire s’y rendent pour tenter de découvrir ce qui a rendu le petit Tammas Baxter malade. Dans la série, la West Kirk devient la Black Kirk. Anecdote linguistique : kirk vient du vieux nordique, ça veut dire église. En Ecosse, beaucoup d’églises ont gardé ce nom de kirk.
Dans la vraie vie, il paraît que la West Kirk était déjà en ruine avant la Réforme (depuis le début des années 1600 tout de même). Certaines tombes datent de cette époque, ça fait quand un même un moment que les mecs sont sous terre, il ne doit pas y rester grand chose.
Depuis la place de Culross, le GPS nous indiquait une route d’une minute à peine, à travers les champs. Let’s go! Sauf que ce que le GPS ne disait pas, c’est que pour aller à l’église, il n’y a pas de route, seulement un chemin de terre entre deux champs. Ma vieille Honda Civic était résistante, nous nous sommes engagées sur le chemin.
Nous avions juste oublié un détail : les pluies torrentielles de la nuit. Bien évidemment, le chemin s’était métamorphosé en rivière de boue incroyablement pâteuse. Au lieu de faire demi-tour comme toute personne sensée, je me suis entêtée. C’est comme ça qu’Ana et moi nous sommes retrouvées à pousser la voiture, embourbée comme pas possible, sous les yeux d’un mec du coin qui promenait son chien. Il nous a regardé de loin, sourire moqueur aux lèvres (totalement mérité), son chien nous regardant avec mépris.
On ne l’avait pas volé, ça c’est clair et net.
Bref, nous sommes quand même parvenues jusqu’à l’église, et ça valait le coup : c’était superbe, eerie and spooky comme on dit. Ça aurait été parfait à l’approche d’Halloween.
Quelques articles à (re)lire
★ Le récit de ces cinq jours de road trip à travers l’Ecosse.
★ Les magnifiques cimetières victoriens de Londres, pour en prendre plein les yeux
★ Le cimetière le plus célèbre d’Edimbourg, le Greyfriars Kirkyard
La carte postale de demain (la quatorzième !) sera envoyée d’un musée, celui de York.