Remain or leave ? L’histoire d’un référendum

par Ophélie
Publié le Edité le 9 commentaires
Le référendum britannique pour les nuls

Que vous résidiez ou non au Royaume-Uni, cela ne vous aura probablement pas échappé : le 23 juin prochain (dans quelques jours en gros) se tiendra un référendum pour savoir si oui ou non le Royaume-Uni devrait rester dans l’Union Européenne. Ce vote, le Prime Minister anglais, David Cameron, l’avait promis s’il remportait les élections en 2015. En 1975, il y avait déjà eu un référendum sur le même sujet et la population britannique avait dit oui à 67.23%, maintenant la position du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne. Sauf que voilà, sous la pressions des conservateurs et d’UKIP (UK Independance Party), le parti politique qui souhaite l’indépendance du Royaume-Uni, David Cameron n’a pas eu le choix. De tous ces débats est né un terme bien particulier pour parler de la sortie du Royaume-Uni : « Brexit », qui est la contraction de « Britain » et d’« exit ».

Je n’ai encore jamais parlé de politique sur le blog et ce pour plusieurs raisons. D’abord, il faut savoir que la politique en général ne m’a jamais véritablement intéressée – du moins jusqu’à ce que j’arrive en Angleterre. Depuis quelques mois, je lis beaucoup d’infos à ce sujet. Ensuite, je ne pense pas être suffisamment calée sur le sujet pour pouvoir en parler ouvertement et en discuter de manière argumentée. Cependant, étant expatriée au Royaume-Uni, le sujet du référendum me touche personnellement et, même si je ne suis pas en mesure de voter, je m’intéresse beaucoup à l’issu du vote. Et comme j’ai dû lire pas mal d’infos pour arriver à comprendre les tenants et les aboutissants, je me suis dit que ce serait sympa de partager ça avec vous.

Qui est pour Brexit ?

C’est bien évidemment le UK Independance Party (UKIP, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni) qui est en tête de liste, suivi de la moitié des MP (Membres du Parlement) du Parti conservateur (Conservative Party), plusieurs MP du Parti travailliste (Labour Party) dont cinq Ministres du Cabinet (Cabinet Ministers), ainsi que le Parti unioniste démocrate (Democratic Unionist Party ou DUP) veulent que que le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne.

Eux veulent partir pour plusieurs raisons :

  • L’Union Européenne contrôle la politique d’immigration du Royaume-Uni, ce qui permet à un grand nombre de gens de venir s’installer sur le sol britannique.
  • L’Union Européenne impose trop de réglementations en matière de commerce et d’échanges.
  • L’Union Européenne est en pleine croissance. Il y avait 9 pays quand le Royaume-Uni y est entré en 1973, contre 28 aujourd’hui.
  • Le Royaume-Uni dépense quelques 350 millions de livres sterling par semaine au profit du budget de l’Union Européenne. Un budget qui, investi différemment pourrait améliorer certains services publiques comme la NHS (le service de santé anglais).

Qui est contre Brexit ?

Le Prime Minister David Cameron arrive en tête de liste ainsi que seize membres de son cabinet. Le Parti conservateur a décidé d’être neutre dans ce référendum mais le Parti travailliste, le Parti national écossais (SNP), le Parti du Pays de Galles (Plaid Cymru) et les Libéraux-démocrates (Lib Dem) sont tous en faveurs du maintient du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, tout comme la Reine d’Angleterre elle-même.

Même s’ils ne peuvent voter, Barack Obama et d’autres chefs d’états souhaiteraient que le Royaume-Uni reste dans l’Union Européenne.

Eux veulent rester pour plusieurs raisons :

  • L’économie se porte mieux au sein de l’Union Européenne : le Royaume-Uni gagne près de 91 milliards de livres sterling par and grâce à son adhésion à l’Union Européenne, grâce aux nombreux échanges commerciaux.
  • De plus, l’immigration joue un grand rôle dans la croissance de l’économie du royaume, notamment en participant aux frais liés aux services publiques.
  • L’Union Européenne permet au Royaume-Uni d’assurer sa qualité de leader sur l’échiquier mondial et donc d’avoir un rôle international important.
  • Il est plus facile de lutter contre le crime au niveau européen notamment grâce au Mandat d’Arrêt Européen qui permet l’arrestation de criminel sans problème de frontières.
  • De la même manière, il est plus facile de confronter certaines menaces comme le terrorisme ou le changement climatique au niveau européen.
  • Le commerce avec l’Union Européenne a permis la création de nombreux jobs (plus de trois millions).
  • Presque la moitié des exportations du Royaume-Uni se fait avec les pays de l’Union Européenne.
  • Ces échanges commerciaux ainsi que la compétition entre les différents pays permet des prix globalement plus bas pour les consommateurs britanniques.

Et le public alors ?

Depuis que le référendum a été annoncé l’année dernière, les sondages sont réguliers et selon eux, l’opinion publique est divisée de manière égale et les résultats frisent le 50/50 (pour plus d’informations, la BBC a un « poll tracker »). Autant dire que l’issue du vote va être très serrée et qu’il faudra attendre les résultats officiels avant de la connaître.

 Pour voter, il faut remplir l’une des conditions suivantes :

  • Être un citoyen britannique ou irlandais de 18 ans ou plus qui réside au Royaume-Uni ;
  • Être un citoyen du Commonwealth qui réside au Royaume-Uni et est autorisé à y séjourner ;
  • Être un citoyen britannique qui habite à l’étranger et qui a été inscrit sur les listes électorales du Royaume-Uni au cours des 15 dernières années.

Vous l’aurez compris, le problème majeur dans tout ça, c’est que les expatriés britanniques qui ont quitté le territoire depuis plus de quinze ans n’ont pas le droit de prendre part à ce vote – et ça les fait énormément râler.

Si Brexit gagne, il se passe quoi pour les expats ?

Si le Royaume-Uni opte pour son propre retrait de l’Union Européenne, la situation des expatriés va changer. Que ce soit pour les Britanniques expatriés dans le monde ou pour les étrangers résidant sur le sol britannique, la situation va devenir plus compliquée, notamment vis-à-vis des démarches administratives : demandes de visa à effecteur, permis de travail à obtenir, une cotisation plutôt onéreuse pour l’accès à la NHS (système de santé britannique), passeport obligatoire pour passer la frontière… Bref, ce serait un bordel administratif monstrueux.

Rappelons quand même qu’il y a au moins 300.000 Français installés au Royaume-Uni et 200.000 Britanniques expatriés en France. Ça en fait du monde, pas vrai ? Si Brexit remporte le référendum, les nouvelles mesures mettront plusieurs années avant d’être réellement mises en place, mais personne ne sait vraiment ce qu’il va se passer pour les expats, qu’ils soient britanniques ou autres. La situation est extrêmement floue à ce niveau-là mais une chose est sûre, il serait beaucoup moins aisé de venir s’expatrier au Royaume-Uni.

Parler du référendum avec des Britanniques

Ces dernières semaines, il m’est arrivé plusieurs fois d’être avec des amis en terrasse (oui, on a quand même eu quelques rayons de soleil de temps à autre), et que des gens s’incrustent dans la conversation pour parler de ça avec nous. La politique n’est pourtant pas un sujet de conversation lorsqu’on ne connait pas la personne avec qui l’on parle (c’est même plutôt tabou), mais ça nous est arrivé quand même, car beaucoup se sentent concernés par l’issue du vote.

Lorsque les gens avec qui nous conversont sont pour le maintient du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, c’est plutôt chouette : ils parlent des émigrés avec beaucoup de tact et n’hésitent pas à faire une liste complète et détaillée des avantages de l’Union Européenne pour le Royaume-Uni, sans même mentionner les inconvénients.

Par contre, quand ils sont pro-Brexit, la situation est quelque peu différente dès lors qu’ils se rendent compte que le groupe avec lequel ils parlent est majoritairement constitué d’étrangers. Américains, Français, Autrichiens, et autres nationalités leur faisant face, ils prennent des pincettes, par peur de nous offenser. Ils tentent de justifier leurs propos en disant qu’ils n’ont rien contre nous (aka les émigrés) mais que l’Union Européenne a démoli les fondements du Royaume-Uni, et que l’argent qui passe dans le budget européen pourrait servir à parer certains services britanniques démunis, and so on.

Je dois admettre que jusqu’à présent, je n’ai pas été confrontée à beaucoup de Britanniques pro-Brexit, ce qui n’est pas plus mal. Ceci étant dit, avec les Anglais, difficile de savoir ce qu’ils pensent vraiment tant leur nature est réservée. En tout cas, à Stamford et à Ketton, plusieurs personnes n’ont pas hésité à afficher leur opinion sur la façade de leurs maisons. Quoi qu’il en soit, il va falloir attendre encore quelques jours pour connaître le fin mot de l’histoire.

Le référendum britannique pour les nuls

Vous en pensez quoi de ce référendum ?

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9 commentaires

Anaïs 30 juin 2016 - 14:28

Bon j’arrive 1000 ans plus tard, mais ton article à été très intéressant et pour en avoir parler avec toi, tu sais déjà que je trouve ça dommage 🙁

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Ophélie G. 30 juin 2016 - 18:07

Pour le moment rien n’est fait.. La situation n’a pas évoluée, on ne sait toujours pas à quoi s’attendre.. xx

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lucie 20 juin 2016 - 21:40

Par chez moi les gens sont plutôt pour le Brexit, j’ai même vu personne se balader avec des leaflets « pro-euro ». Ca me fait sourire à chaque fois qu’on me tend les leaflets pour me rappeler de voter « leave » vu que je ne peux pas voter.
Après j’ai pas cherché à entrer dans le débat non plus. Une fois on descendait du train dans notre ville de campagne avec mon copain, qui est anglais, un mec a cru qu’il était étranger et s’est mis à l’insulter (fucking foreign et tout ça). Alors que bon la foreign c’était moi. Mais honnêtement, ça m’a tellement refroidie que maintenant j’évite tout les gens qui ont l’air un peu trop porté sur le Brexit. Pas envie de m’en prendre plein la figure…Enfin, on va voir ce que ça va donner !

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Ophélie G. 21 juin 2016 - 11:55

Je comprends tout à fait que tu n’aies pas envie d’affronter ce genre d’individus.. Plus que quelques jours pour le verdict.. xx

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Alexandra 20 juin 2016 - 08:58

Coucou Ophélie. Ton article est très intéressant. Comme toi, je ne me suis jamais beaucoup intéressée à la politique du coup j’étais un peu perdue dans cette histoire de Brexit or not. Quoiqu’il en soit, tu as répondu à tout mes questionnements avec ton article super détaillé, donc merci beaucoup. J’espère vraiment que le RU restera au sein de l’EU parce que sinon, ça va être un sacré bordel pour tout le monde :/ Résultats dans 3 jours!

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Ophélie G. 20 juin 2016 - 12:52

Merci Alexandra. 🙂 Je suis contente d’avoir pu t’éclairer un peu sur ce sujet épineux – je t’avoue que je n’y comprenais rien moi non plus. 🙂 Je pense aussi que ça va être un sacré bordel si Brexit remporte le vote.. On verra ça dans quelques jours ! xx

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Virginie 19 juin 2016 - 15:11

Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup de pro-Brexit ici – l’Écosse est plutôt pour rester dans l’Europe (avec toutes les questions qu’un Brexit poserait vis-à-vis de la place de l’Écosse au sein du RU), mais j’ai une fois discuté avec une anglaise – résidant en Écosse depuis plusieurs décennies maintenant – qui n’avait pas un discours très mesuré sur l’immigration (bien entendu en tant qu’Anglaise en Écosse elle ne se considérait pas elle-même comme immigrée – oubliant que son statut pourrait rapidement changer hum hum…) Je me suis aussi rendue compte à ce moment que ce que nous savions ou pas de l’Europe – à notre échelle de personne lambda et au sein de chaque pays – et de ce que cela impliquait réellement est vraiment tronqué. Selon elle le RU était franchement défavorisé par rapport aux autres pays, alors qu’en France, on voit nos voisins d’Outre Manche s’en tirer vraiment bien… bref… le problème avec l’Europe c’est que c’est une très belle idée bien mal mise en œuvre malheureusement 🙁

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Virginie 19 juin 2016 - 15:49

Juste pour préciser ma dernière phrase, parce que je me rends compte que ce n’est très pas clair ^^ ce que je veux dire c’est que cette mauvaise mise en œuvre est la raison pour laquelle la moitié de la population du RU veut quitter l’Europe. Perso je reste persuadée que travailler ensemble – entre États – est la meilleure des choses à faire (voilà, j’arrête d’envahir les commentaires 😉 )

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Ophélie G. 19 juin 2016 - 18:04

Je comprends tout à fait ton point de vue et ne peux qu’être d’accord. Quand tu dis Europe, j’imagine que tu veux dire Union Européenne ? En tout cas oui, l’UE est un beau projet, mais c’est un projet qui n’est pas bien mis en oeuvre. Il y a beaucoup trop de zones floues pour que chacun y voit clair, et c’est franchement pas normal. Comme toi, je pense que travailler ensemble et rester soudé est la meilleure manière d’arriver à un but commun. Là, tout le monde se tire dans les pattes, c’est ridicule. Je pense que le problème majeur de l’UE, c’est que chaque pays pense d’abord à sa propre échelle, au lieu de voir un tableau plus large.

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Ophélie

Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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