Chroniques Anglaises #8 : Donner de son temps

par Ophélie
Publié le Edité le 6 commentaires
Chroniques anglaises #8 : Donner de son temps

Les dernières chroniques n’étaient pas des plus joyeuses, mais je reviens aujourd’hui pleine de bonne humeur. Pas mal de choses se sont passées ces deux dernières semaines, mais j’avais envie de vous parler de l’une d’entre elles en particulier. À l’heure où les nuits se font longues et froides, j’ai enfin sauté le pas pour m’investir dans quelque chose qui me parle : faire du bénévolat et donner de mon temps.

Petit rappel pour les nouveaux : les Chroniques Anglaises, ce sont des articles bimensuels dans lesquels je vous raconte mon quotidien en Angleterre. Vous pouvez retrouver tous les épisodes précédents en cliquant ici. 🙂 Ce nouvel épisode risque d’être un peu long, alors n’hésitez pas à vous préparer un café ou un thé.

S’ancrer dans la culture britannique

Alors que je rédigeais le bilan de mes deux ans en Angleterre, j’ai rédigé en parallèle une petite liste de choses dans lesquelles j’aimerais m’investir pour cette troisième année d’expatriation qui commençait. En tête de liste, il y avait quelque chose qui me tenait vraiment à cœur : expérimenter le bénévolat.

Le bénévolat fait partie intégrante de la culture britannique. Je vous parlais en début de mois de Poppy Appeal, cette organisation caritative qui récolte des fonds pour les vétérans de l’armée. Ce n’est qu’une association, ou charity, parmi tant d’autres. Quasiment tous les Britanniques s’investissent, d’une manière ou d’une autre, dans l’une d’entre elles. Qu’il s’agisse d’acheter un livre chez Oxfam, de donner des vêtements à la British Heart Foundation ou de laisser quelques centimes dans les petites boîtes mises à disposition un peu partout, tout le monde participe, à sa manière.

J’avais vraiment envie de m’intégrer un peu plus dans la culture britannique, et le volontariat me semble être une très bonne option. Au départ, je songeais à postuler auprès d’une des nombreuses Charity Shops de Stamford. Mais voilà, le temps me manque cruellement pour m’investir comme il se doit dans une telle entreprise. Ça, c’était jusqu’à ce que j’entende parler de Winter Night Shelter.

Winter Night Shelter

Une amie m’a parlé il y a quelques semaines de son expérience à Winter Night Shelter, un centre qui accueille les sans-abris pendant l’hiver. L’idée a germé dans ma tête, et il y a quelques jours, j’ai envoyé ma candidature. Hier matin, j’ai assisté à mon premier training.

Laissez-moi vous expliquer de quoi il retourne. Winter Night Shelter est une association caritative amorcée par l’union de plusieurs églises chrétiennes de Peterborough et de ses alentours. Donc oui, il s’agit d’une initiative religieuse – mais être croyant n’est pas une nécessité. Pendant trois mois, du 12 décembre au 13 mars exactement, sept églises offrent, à tour de rôle, le gîte et le couvert pour huit sans-abris.

Le training d’hier s’est relevé vraiment intéressant. On nous a expliqué en long, en large et en travers en quoi le travail de volontaire allait consister, ce qu’il fallait faire ou au contraire, ce qu’il fallait éviter. Ce qui m’a le plus plu, c’est qu’on nous a également parlé du suivi de ces sans-abris qui vont être accueillis.

Car leur offrir un endroit sec et chaud pour la nuit, c’est bien sympa, mais si c’est pour les laisser retourner dans la rue juste après, il n’y a pas vraiment d’intérêt. Winter Night Shelter, en plus de les accueillir, les aide à se diriger vers les services appropriés. La finalité, c’est de les aider à se sortir de leur situation en leur proposant l’aide dont ils ont besoin. En effet, beaucoup d’entre eux ne savent pas vers qui se tourner pour améliorer leur quotidien. C’est là que l’association intervient et fait de son mieux pour les aider.

Donner de son temps

C’est un peu paradoxal : j’ai un emploi du temps quotidien plutôt chargé, mais j’ai quand même décidé de donner de mon temps pour quelque chose qui me tient à cœur. Il y a beaucoup d’associations dans lesquelles j’aimerais pouvoir m’investir financièrement parlant. Je dois admettre que je ne peux pas forcément me le permettre. Par contre, je peux trouver le temps d’aider. Je pense que c’est tout aussi important, non ?

L’argent a toujours été un problème récurrent dans notre société. Pourtant, s’il y a bien une « monnaie » qui importe davantage à mes yeux, c’est bien le temps. Il est plus facile de donner de l’argent que de donner de son temps. Ça demande beaucoup moins d’effort. Pourtant, c’est important aussi d’accorder de sa personne pour aider ceux qui en ont besoin, non ? Certes, je ne vais pas beaucoup travailler. Mes shifts se comptent sur les doigts d’une main. Le principal, c’est justement de libérer quelques créneaux dans nos vies surbookées, pour pouvoir l’accorder à quelqu’un d’autre je crois.

Chroniques anglaises #8 : Donner de son temps

Pourquoi les sans-abris ?

On m’a demandé pourquoi je me suis dirigée vers les sans-abris. La raison est simple. Ce sont des êtres humains comme tout le monde, qui ont pourtant d’une terrible réputation. Quand on les croise, les gens baissent les yeux, les ignorent et ne leur accordent pas même un regard. Ça doit être affreux, ce sentiment d’être invisible. D’être si peu important que les passants préfèrent regarder le trottoir que de leur offrir un sourire. D’être si peu signifiant que les gens les ignorent royalement en passant à côté. À chaque fois, ça me met mal à l’aise.

Je suis toujours révoltée quand on parle des sans-abris. La seule fois où j’ai entendu quelqu’un prendre leur défense, c’était pour dénigrer les réfugiés. Le vieux discours du « on donne tout à des étrangers, mais on ne s’occupe même pas de nos SDFs. » Oui, le même SDF que tu as religieusement ignoré quand il t’a dit bonjour ce matin avant de te demander un peu de monnaie.

Si je peux, l’espace de quelques soirées, aider ces personnes à se sentir aimées et respectées, pourquoi m’en priverais-je ? Je suis persuadée que ces gens que je vais rencontrer vont beaucoup m’apporter. C’est un aspect qui me plaît, cette idée d’échange.

Si j’ai un peu joué les timides en me rendant à l’Armée du Salut hier, ça s’est vite estompé au cours de la matinée. Dès le départ, j’ai su que j’avais fait le bon choix en assistant à ce training. Les paroles de l’organisatrice m’ont énormément touchée par leur profonde vérité. Bien que l’organisation en elle-même soit d’ordre religieux, le respect témoigné aux sans-abris dépasse les croyances et m’ont presque émue. J’avais oublié que le monde n’est pas si moche, et que certaines personnes essayent chaque jour de le rendre un peu plus joli.

Chacun à ses raisons de faire du bénévolat

Chacun a ses raisons pour faire du bénévolat. Dans mon cas, c’est d’avoir réalisé à quel point j’étais chanceuse qui m’a décidée à sauter le pas. J’ai de la chance d’avoir un emploi stable, de quoi manger trois fois par jour et d’avoir un toit pour dormir chaque jour. J’ai parfaitement conscience que tout le monde n’a pas de la même chance. C’est avec le désir d’aider ceux qui en ont besoin que je me suis lancée dans l’aventure.

Ce qui me gêne un peu, c’est cette impression que les croyants font ce genre de chose pour obtenir quelque chose en retour. Un sentiment de reconnaissance envers leur « Lord », peut-être ? Malgré toute ma bonne volonté, je trouve ça un peu égoïste. Ça n’engage bien évidemment que moi.

Après, toutes les raisons sont bonnes, je ne crache pas là-dessus. Je ne dis pas que ma raison personnelle est plus louable que celle des autres, loin de là. En tant qu’athée, j’ai juste un peu de mal avec les raisons religieuses, je crois.

Bref, tout ça pour dire que pendant ces trois mois, je vais assurer quelques evening et night shifts, dont les horaires varient de 18 heures à 7 heures le matin. Il va simplement s’agir de partager un dîner avec eux, de les écouter, de leur tenir compagnie.

J’aurais très probablement l’occasion de vous en reparler une fois l’aventure achevée, mais c’est quelque chose qu’il me tarde de faire. Je commence le 18 décembre, juste avant de rentrer en France. Vivement !

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Malgré mon emploi du temps surchargé, j’ai quand même pris le temps de lire et d’apprécier de nombreux articles ces deux dernières semaines.

Chloé a publié un superbe article sur les raisons pour lesquelles elle blogue. Des raisons que beaucoup d’entre nous partagent !

À l’approche de Noël, Pomdepin a partagé tous les secrets du Christmas Pudding, ce gâteau tout rassis dont les Britanniques (et mon Papa) raffolent.

Bon dimanche tout le monde ! ♥

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6 commentaires

Sabine 5 décembre 2016 - 06:34

Super !
Souvent je me dis que j’aimerais être plus active, donner de son temps je trouve qu’il n’y a rien de plus sincère ! Donc bravo pour cette belle initiative 🙂

Je ne sais pas si en Angleterre la culture du volontariat est aussi ancrée qu’ici en Australie ? Il y a beaucoup de volontaires et j’avoue que j’ai été surprise quand j’ai vu que la bonne volonté seule n’était parfois pas couronnée de succès. Surtout pour s’occuper de la faune, il y a parfois des listes d’attente à faire pâlir ! 1 an pour l’hôpital des Koalas par exemple…

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Ophélie G. 5 décembre 2016 - 09:31

En effet, je trouve que le volontariat ici est vraiment ancré dans la culture britannique ! Beaucoup de gens en font, et comme tu dis, ce n’est pas toujours à succès. En tout cas, j’ai hâte de commencer cette expérience ! xx

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prettylittletruth 28 novembre 2016 - 09:59

Quelle super initiative! J’essaye aussi de donner un peu de mon temps pour aider les gens dans le besoin. Pres de chez nous, il y a un asso qui propose des services aux personnes agees. Deux demi-journees par mois on aide des personnes agees a faire des petites choses comme les amener faire des courses, tondre la pelouse, les aider a remplir des papiers, etc. En plus, ca leur fait de la compagnie! Bref, c’est important de donner de son temps et pas seulement de l’argent 🙂

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Ophélie G. 28 novembre 2016 - 17:41

C’est super chouette comme initiative, je trouve !
Bien d’accord avec toi sur ce point ! xx

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Camomille 27 novembre 2016 - 11:11

Super initiative, respect! 🙂 Je donne à des associations (Action contre le faim, AFM Téléthon, parfois Sidaction) mais c’est vrai que je ne suis jamais vraiment investie. J’aimerais bien pour ma part faire des actions en faveur de l’environnement (sensibiliser, faire des ramassages…), ça fait quelques temps que je me demande si je ne vais pas rejoindre Mountain Riders, une association de ma région!

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Ophélie G. 27 novembre 2016 - 12:05

Après, je ne dis pas que c’est mal de donner de l’argent. Au contraire, les associations en ont grandement besoin ! Tant que chacun donne ce qu’il peut, qu’il s’agisse de temps ou d’argent, c’est le principal. Tu devrais te lancer ! xx

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À PROPOS

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Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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