Retour sur une expérience de bénévolat

par Ophélie
Publié le Edité le 4 commentaires
Retour sur une expérience de bénévolat

Quand une amie m’a dit faire du bénévolat pour Winter Night Shelter, une association d’aide aux personnes sans-abris, j’ai tout de suite adoré l’idée. Quelques jours après cette discussion, j’envoyais ma candidature pour être bénévole. Une semaine plus tard, je participais à un training de quatre heures et demie. Quelques semaines après avoir participé au programme, je reviens sur ce que ça m’a apporté.

Tout commence avec un training

Un samedi matin donc, j’ai pris mon courage à deux mains pour aller à l’Armée du Salut de Peterborough. Courage, car ce n’est pas forcément dans ma nature de faire ce genre de chose. Aller vers des gens que je connais pas n’est pas du tout dans mon tempérament, tout comme faire du bénévolat. C’était ma première fois, et j’appréhendais un peu.

Le training était long – quatre heures et demie dans une salle très peu chauffée, où seule une tasse de café brûlant permettait de rester éveillé. Pourtant, tout ce qui a été dit pendant ce training a été très intéressant. On ne se rend pas compte, mais ce genre d’association est très structuré. C’est du bénévolat certes, mais ça reste un travail. Avec des consignes, des règles et des protocoles à suivre.

Je n’ai rien contre la religion, ni contre les gens qui croient en quelque chose. Par contre, je dois admettre que quelque chose m’a un peu gênée ce matin-là. J’ai eu l’impression que les Chrétiens qui prennent ce genre d’initiatives et participent à ce genre d’événements le font dans l’attente de quelque chose – de la reconnaissance, peut-être ? Enfin, chacun a ses raisons qui lui sont propres, je ne vais pas revenir là-dessus. L’important, c’est d’avoir des bénévoles pour soutenir ce superbe projet.

Le programme de nuit

Ayant un emploi du temps assez compliqué, les seuls shifts que je pouvais faire étaient ceux de nuit. Je commençais à 21h45 et finissais à 6h30 dans l’église de Stilton, à une trentaine de minutes de voiture de chez moi. Le programme étant initié par des associations catholiques, les refuges se tenaient dans les églises de différentes communautés autour Peterborough.

En arrivant le soir, après avoir dit bonjour à tout le monde, on jouait à des jeux de société. Scrabble, dominos, et autres de ce genre. C’était très sympa de faire des choses sans grand intérêt de ce genre. Avec une tasse de thé ou de café, l’ambiance était très bon enfant. Un peu comme avec des amis en fait.

Puis, quand venait l’heure de l’extinction des feux, c’était le moment où il fallait rester réveillé. Pour les shifts de nuit, il y a quatre personnes. Deux doivent restés éveillés quand les deux autres dorment. Au milieu de la (courte) nuit, on échange. Dormir dans une église, c’est quelque chose d’étrange d’ailleurs. Et il y fait un froid de canard.

Ce que ça m’a apporté

Je suis ravie d’avoir eu la possibilité de donner de mon temps à des gens que je ne connaissais pas. Des gens que j’ai vu une fois, et que je ne reverrai probablement jamais de ma vie. Échanger avec eux, discuter de tout et de rien, c’était chouette. Surtout, c’était très intéressant.

La règle numéro 1, c’est de ne pas demander à ces gens la raison pour laquelle ils sont à la rue. Sans grande surprise, c’est un sujet qu’eux aiment bien aborder. Ils nous ont raconté des bribes de leur vie, sans aucun malaise. Certains étaient assez vieux, d’autres plus jeunes que moi. Certains avaient une famille et des enfants, d’autres un emploi.Je ne sais pas ce qui m’a mis le plus mal à l’aise d’ailleurs. Ça m’a fait de la peine en tout cas.

Cette brève expérience m’a permis de me rendre compte de la chance que j’ai. La chance d’avoir un emploi, un endroit chaud et sec où dormir la nuit. Mais pas seulement. Passer du temps avec des gens dont la vie n’est qu’une suite d’enchaînements malheureux, ça remet les idées en place. Tout d’un coup, nos petits problèmes quotidiens semblent bien minimes comparés à ce que vivent ces gens. Et on a honte un peu.

La belle claque dans la gueule, quand même.

Les clichés qui restent

Un des invités m’a confié que le plus dur, c’était d’affronter le regard des passants. Quand on parle de sans-abris, c’est très facile de juger. Les commentaires de certains me font pleurer de rage parfois. A croire que selon eux, c’est de leur faute s’ils se retrouvent dans ce genre de situation. « Ils n’ont pas assez travaillé, ils l’ont cherché, c’est pas notre problème. » Autant de commentaires qui me donnent envie de donner des claques. Des commentaires que ces personnes entendent, et décident d’ignorer du mieux qu’ils peuvent. Pour sauver ce qui leur reste de dignité. Une dignité piétinée par l’ignorance et la méchanceté des gens qui ont eu la chance de s’en sortir. Des gens qui se sentent supérieurs, sans aucune raison valable.

Il n’y a aucun moyen de connaître la vie des gens que l’on ne connaît pas. Les personnes sans-abris sont avant tout des êtres humains et méritent d’être traités en tant que tels. Peu importe leur histoire, peu importe leurs raisons. Un sourire ou un bonjour dans la rue, ce n’est pas grand chose et pourtant, c’est quelque chose d’important à leurs yeux.

Je ne veux pas donner l’impression de faire la morale, mais les faits sont pourtant là. Ça m’est déjà arrivé d’ignorer quelqu’un dans la rue. Mais plus maintenant. A Cardiff, une jeune femme a offert des pâtisseries à un monsieur sans-abri. Ce dernier m’en a offert, et j’ai passé quelques minutes à discuter avec lui. Et c’était beau de le voir sourire, malgré la pluie.


Faire du bénévolat est à la portée de tout le monde. C’est une expérience que je réitérerai volontiers, dans le cadre de cette association ou d’une autre, ça c’est sûr.

Ça vous tente vous, de faire du bénévolat ?

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4 commentaires

Anaïs 28 mars 2017 - 15:04

J’ai beaucoup aimé ton article chaton! Le bénévolat me tente vraiment bien, je n’ai toujours pas eu l’occaz de me diriger vers une association, il y en a tellement.. Mais c’est dans mes projets pour cette année :)!
Quoiqu’il en soit ton retour d’expérience m’a été très bénéfique (et fait chaud au coeur je l’avoue) et me donne encore plus envie de foncer trouver une asso! 🙂

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Ophélie G. 30 mars 2017 - 12:18

J’espère que tu auras l’occasion de sauter le pas. C’est tellement gratifiant de se sentir utile ! xx

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Tiphaine 25 février 2017 - 23:08

Le bénévolat est quelque chose que j’ai toujours voulu faire et pourtant, je n’ai jamais osé sauter le pas… Dommage, n’est-ce pas ? Je pense que c’est en parti dû à ma timidité presque maladive. Il faudrait réellement que je prenne mon courage à deux mains.

En tout cas, bravo pour ton engagement !

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Ophélie G. 26 février 2017 - 09:29

Je t’avoue que ça a été difficile pour moi aussi, je suis de nature très timide et introvertie. Mais je ne regrette absolument pas d’avoir tenté l’expérience ! Je te souhaite de te lancer aussi un jour ou l’autre ! xx

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À PROPOS

Ophélie

Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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