Devenir professeur, une vocation ?

par Ophélie
Publié le Edité le 13 commentaires
Devenir professeur, une vocation ?

Affirmer que j’ai toujours voulu devenir professeur serait un mensonge. Ce n’est pas quelque chose à laquelle je pense depuis toute petite, loin de là. Il m’a fallu du temps, vingt-six ans, avant d’en venir à la conclusion que c’est ce que je veux faire de ma vie. Aujourd’hui, je vous raconte mon parcours et comment j’en suis arrivée à cette conclusion.

Retour en arrière : le lycée

Début 2006. Je suis en seconde générale et c’est le moment où il faut décider quelle filière je vais suivre en classe de première. Clairement, le choix doit se faire entre bac littéraire et bac scientifique, car je n’ai absolument pas envie d’aller en ES à cause de l’économie. Le choix est donc restreint. L’idée de me taper huit heures hebdomadaires de philosophie me terrorise et dans la volonté de rendre ma grand-mère fière, j’opte pour la filière scientifique. En plus, le Bac S sur un CV, c’est toujours plus sérieux que du L, il paraît.

Pour moi qui déteste les maths, c’est le début de deux longues années scolaires. Je garde un très mauvais souvenirs des six heures de maths du vendredi d’ailleurs. La SVT et la physique/chimie me plaisent, mais je suis mauvaise. Très mauvaise. Je gère sans mal les TPs et dissections en tout genre, mais c’est tout. Ma moyenne de maths peine à dépasser les 2.75/20. J’ai à peine plus de 6/20 dans les autres matières scientifiques.

À la surprise générale (notamment la mienne), j’obtiens quand même mon bac S, avec exactement 10.5/20 de moyenne. Merci l’art P, l’histoire et les langues.

À la fac : LEA ou LLCE ?

Le calvaire continue à la fac. Persuadée que j’allais rater mon bac et redoubler, je n’ai pas du tout réfléchi à l’après lycée. J’ai bien évidemment rempli mon dossier sur Admission Post-Bac, mais complètement au hasard. Premier choix : fac de médecine. Pour faire plaisir à ma grand-mère, mais aussi parce qu’à 10 ans, je voulais être médecin légiste. Puis de toute façon, j’allais redoubler alors ça n’avait pas d’importance.

En septembre, après deux mois de torture mentale (#ironie), je me décide pour mon deuxième choix. J’irai en fac de langues. Pour étudier quoi ? C’est une autre histoire. Accompagnée de mon Papa, j’entre à l’université de lettres et langues de Poitiers, intimidée par tous les étudiants croisés.

L’étudiant qui s’occupe de mon inscription (il s’appelle Jérémy, et je me souviens encore de son visage) me lance alors ce qui résonne comme un ultimatum : « LEA ou LLCE ? ». Je n’ai pas la moindre idée de ce que ces acronymes signifient. Avec une assurance complètement feinte, je lance un « LLCE ». Ça sonne bien dans ma tête, et de toute manière, j’ai déjà oublié le premier acronyme.

J’atterris donc en licence Langue, Littérature et Civilisation Étrangère en anglais sur un choix fait sur le vif, sans avoir la moindre idée de ce dans quoi je m’embarquais.

LLCE : je t’aime, moi non plus

Il me faudra quatre ans pour obtenir ma licence. Je rate ma première année, mais j’ai une excuse. Des manifestations et des blocus à répétition qui font que les cours sont annulés entre les vacances de noël 2008 et celles de Pâques 2009. Je rate mes examens à dessein, pour pouvoir repartir de zéro. Étonnamment, je ne vois pas ça comme un échec, mais comme une manière de bien faire les choses. Je sais ce que signifie LLCE, et je maîtrise à peu près les cours.

Au bout de deux ans et demi, j’en ai marre. Je pars donc à Glasgow, en Écosse, dans le cadre du programme Erasmus, pour finir cette licence qui n’en finit plus. Ça, je vous l’ai déjà raconté.

Revenue de cette incroyable parenthèse, je sais enfin ce que je veux faire. Un master recherche en civilisation et littérature médiévale, avec quelques accents celtes et vikings, dans l’espoir de devenir enseignante-chercheuse à l’université. Master, Doctorat, Agrégation : mon avenir se met finalement en place ! J’aime tellement la fac que je me vois bien y finir ma vie. Cependant, rien ne se passe jamais comme prévu, et c’est pas plus mal comme ça.

Devenir professeur, une vocation ?

(Re)partir : la révélation

Je décide de faire mon master recherche en trois ans, et de repartir à l’étranger. Après une longue candidature, je suis acceptée au programme d’échange du CIEP. En septembre 2014, je pars comme Foreign Language Assistant à Stamford. Je suis heureuse de repartir.

C’est une véritable révélation. Pour la jeune adulte timide que je suis, je me plais dans ce rôle qui me fait côtoyer des adolescents au quotidien.

En juin 2015, je passe ma soutenance de mémoire : j’obtiens 17.5/20, une mention très bien à mon master et je repars une deuxième année à Stamford. Pour être sûre que je ne me trompe pas, que je veux vraiment m’orienter dans une carrière dans l’enseignement. Je me connais, je me lasse très vite. Je ne veux pas jouer mon avenir sur une expérience géniale.

Bref, ce n’est qu’au cours de ma troisième année d’assistante que je me décide enfin à entreprendre les démarches pour entrer à l’université en Angleterre. Mon parcours du combattant personnel.

Retourner à la fac pour devenir professeur

En septembre 2017, j’aurai 27 ans et je reprendrai mes études. Il m’aura fallu de (très) nombreuses années pour comprendre ce qui me branchait le plus. 27 ans, c’est long. J’ai hésité, je me suis plantée. Beaucoup. Souvent. J’ai basé mes études sur des choix au hasard, loin de ces réflexions qu’on attend des adolescents. Mais j’ai eu de la chance au fond. Parce que même s’il m’aura fallu tout ce temps, j’y suis parvenue. À mon rythme, lentement, mais sûrement.

Je suis ravie de retourner à l’université. Cette fois, je vais faire une filière qui me plaît, mais surtout, qui correspond à celle que je suis aujourd’hui. Finies les hésitations et les décisions prises au hasard.

Toute cette logorrhée pour dire que non, devenir professeur n’est pas forcément quelque chose d’évident pour tout le monde. Il m’a fallu 27 ans pour comprendre que c’est ce que je voulais faire de ma vie. Mais j’ai fini par le comprendre. Il vaut mieux tard que jamais, comme on dit.

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13 commentaires

Anaïs 25 mai 2017 - 20:35

J’ai beaucoup aimé ton article, j’ai même du mal à trouver les mots exact pour décrire ma pensée.. Étrange haha? Ça montre bien qu’on ne sait pas forcément « d’instinct » ce que nous voulons faire dans la vie, et que chacun de nos choix ont un impact sur notre vie. Je sais pas si je suis clair haha, je suis peut-être partie trop loin? (pour pas changer XD). Ceci dit, je suis heureuse que tu ai pu trouver ce qui te faisait vibrer, car quand on fait ce qu’on aime c’est ce qui à de plus merveilleux dans la vie! Tu vas tout déchirer cette année chaton! ♥

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Ophélie G. 26 mai 2017 - 19:30

Si, tu es très claire et tu reflètes exactement ce à quoi je pensais en rédigeant cet article. J’espère que tout se passera bien ! xx

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Julie 23 mai 2017 - 15:56

Bonjour,
Je découvre ton blog, par pur hasard, mais déjà j’aime beaucoup ça. J’ai pas mal tergiversé aussi, aujourd’hui j’ai 35 ans, je finis un master en droit et je rêve de vivre en Angleterre (même s’il est clair que je n’ai pas choisi la meilleure filiere pour ça). Mais je t’encourage à 200%, suis tes envies, seules elles mènent au bonheur. Tu reprends des études de….?
Merci beaucoup pour ce partage,
Au plaisir de te lire,
Julie

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Ophélie G. 25 mai 2017 - 07:32

Merci beaucoup Julie. 🙂
Je suis sûre que tu pourrais très bien trouver quelque chose ici en Angleterre, malgré ta filière. Pour ma part, je reprends mes études en vue de devenir prof de français au Royaume-Uni. 🙂 xx

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Lison 18 mai 2017 - 19:41

Finalement, tu t’en sors bien ! Ton article me donne l’espoir de trouver ma voie un jour et me montre qu’il est toujours possible de s’orienter dans une voie qui n’est pas forcément celle qu’on a choisie (ou subie) au départ 🙂 Bon courage pour la suite!

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Ophélie G. 21 mai 2017 - 19:43

Ne désespère pas, tout finit toujours par se mettre en place, sans qu’on y réfléchisse ! Courage à toi aussi ! xx

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Ophélie G. 21 mai 2017 - 19:43

Ne désespère pas, tout finit toujours par se mettre en place, sans qu’on y réfléchisse ! Courage à toi aussi ! xx

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tania 17 mai 2017 - 19:27

j adore ce genre d article et le tien en particulier
félicitations encore pr ces futures études à la fac anglaise
quelle courage de t être battue pr le faire
terriblement excitant comme aventure
c est vrai que pr beaucoup le métier qu on fait n a pas été une évidence

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Ophélie G. 18 mai 2017 - 10:41

Merci Tania ! C’est terriblement excitant, oui, comme tu le dis si bien ! J’ai tellement hâte de découvrir une nouvelle vie/une nouvelle vie. xx

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Maëva's Mapa Mundi 17 mai 2017 - 13:37

Je ne peux qu’aimer cet article, comme je me trouve également à l’intersection de plusieurs choix! Je finis LEA cette année (si tout va bien) et j’attends une réponse du CIEP comme tu le sais… mais voir ton parcours me rassure : je ne suis pas à un an près, même si j’aimerai tester l’enseignement avant de tester le master! De plus le master « recherche » me fait assez peur, ça s’éloigne de LLCE? car la linguistique, la grammaire etc, très peu pour moi!

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Ophélie G. 18 mai 2017 - 10:40

Courage pour le CIEP, je sais à quel point l’attente peut être insupportable. Le master recherche s’éloigne beaucoup : plus les mêmes matières, ni la même manière d’aborder les choses. C’est drôle car je détestais la linguistique en licence, mais j’ai adoré l’intégrer à mes mémoires de master ! xx

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Kenza 16 mai 2017 - 14:03

Joli cet article ! Je me reconnais dans certains trucs et d’autres pas du tout ! Je crois que j’ai effacé le bac de mon CV et au contraire pour les blocus de 2009, j’ai eu 18 de moyenne à mon semestre car les profs ont un peu « arrangé » les partiels et c’est grâce la grève que je suis partie en Angleterre avec le CIEP… it was meant to be!

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Ophélie G. 16 mai 2017 - 19:31

Je t’avoue que j’ai fini par ne plus le mettre sur mon CV non plus, ce foutu bac. Il ne me ressemble tellement pas, c’est inutile. Comme quoi, le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Merci de ton retour Kenza ! xx

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Ophélie

Buveuse de café quasi professionnelle et collectionneuse d'images, je vis au Royaume-Uni depuis 2014.

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